Jour 34 - Sighisoara

Bonjour à tous et désolé d’avoir pris une semaine de "congé" sans vous servir un de mes textes de voyages :)

 

Bon avec leur longueur habituelle, j’imagine que celui-ci comptera pour deux.

 

Mon dernier courriel était en provenance de Veliko Tarnovo il y a de cela 14 jours... Une éternité dans mon cas. Signe que le voyage se passe bien, je perds totalement le compte des jours.

 

2 jours après l’envoie de mon courriel, Chris, l’Américain avec qui je voyage depuis Varna, et moi-même avons pris un train de nuit pour Bucarest en Roumanie.

 

Le sommeil fut rare. Non pas parce que j’étais dans un transport, ce qui ne m’empêche pas de dormir en général, mais plutôt parce que les arrêts et les procédures frontalières se sont étirées sur environ 1h30. Mais quelle jolie vue du Danube lorsque nous avons traversé le pont entre la Bulgarie et la Roumanie au lever du soleil...

 

À la dernière station en Bulgarie, une femme s’est assise dans notre compartiment. Elle transportait 3 sacs... une "passeuse". L’un de ces sacs contenait des éponges à récurer!!! Je ne sais pas pour les deux autres. À voir le nombre de pages d’étampes roumaines dans son passeport, ce n’est pas la première fois qu’elle fait le trajet. Ils sont plusieurs comme elle. Elle est descendue à la première gare en Roumanie. Je vous rappelle qu’il est 3h du matin!

 

L’arrivée à Bucarest s’est plutôt bien passée. On dit souvent que la première impression est importante. Elle l’a été à Bucarest. Sitôt sorti de la gare, il suffisait d’ouvrir le guide avec la carte pour se faire demander par quelqu’un où l’on allait, ou dans le bus de se faire demander où l’on voulait se rendre et se faire dire combien d’arrêts avant le notre, etc.

 

Et puis la Roumanie est définitivement mieux équipée en auberge de jeunesse que la Bulgarie. C’est drôle comme les auberges indépendantes aiment se servir des vieux travers des Hostellings Internationals dans leur pub en indiquant par exemple "pas de couvre feu, pas de lockout, pas de carte de membre, etc". Mais en même temps, on trouve très peu d’auberges indépendantes dans les pays où il n’y a pas de fédération Hostelling comme en Bulgarie ou en Ukraine par exemple. Comme si les HI apportaient d’abord l’idée des auberges dans un pays!

 

Bref, j’ai habité dans l’auberge au nom on ne peut plus roumain de Elvis Villa. Une vraie auberge agréable, avec cuisine, salle commune, party, voyageurs intéressants, etc. L’auberge, la ville, les gens... tout ça ensemble m’a fait décider apres 3 jours a inverser mon itinéraire et à rester 1 mois en Roumanie et 3 semaines en Ukraine plutôt que l’inverse. Et je ne regrette pas ce choix du tout. Je suis littérallement en amour avec le pays!

 

Question de vous y retrouvez, voici quelques-uns des "personnages" entourant mes 2 semaines en Roumanie. D’ailleurs, comme mes 2 semaines tournent beaucoup autour d’activités faites avec d’autres gens, c’est une bonne façon de vous raconter mes aventures!

 

Chris: L’américain du Dakota du nord que vous connaissez déjà puisque je voyage avec lui depuis Varna. 28 ans, biologiste.

 

Andrea: Roumaine vivant à Bucarest, rencontrée sur internet, je l’ai vue à 3 reprises avec Chris à Bucarest. 19 ans. Préférant les pantalons à pattes extra larges et aimant Yann Tiersen, Mum et Portishead!

 

Ana: Amie de Andrea qui va étudier en d’autres choses a l’université l’an prochain mais qui aimerait devenir photographe.

 

Audrey: Française rencontrée a l’auberge de Bucarest, 27 ans, fleuriste. J’ai sorti un soir avec elle dans un bar de musique gypsie... qu’on n’a jamais trouvé! On s’est retrouvé dans un bar rock et pop à parler avec un monsieur Turc entrepreneur en construction et sa femme roumaine.

 

Brian: Un américain de Washington vraiment drôle et en même temps très intelligent... connecté disons. 28 ans. Il est venu avec Chris et moi à Brasov pour faire du hiking aussi. Puis à Sighisoara. On s’est donc suivi les 3 pendant un peu plus d’une semaine.

 

Sam: Une Australienne vivant à Londres depuis 1 an, on l’avait entrevue à Bucarest mais on l’a revue à Brasov. Elle a decidé de nous accompagner dans notre randonnée de 3 jours. 25 ans je crois!

 

Diedrick: Un Belge tout ce qu’il y a de cool et sympathique. Ce gars commence à peine son voyage de 2 ans qui le mènera en Iran, Pakistan, Inde, Bangladesh, Chine et reviendra soit par la Russie ou le Kazakstan. Rencontré à Bucarest, il devait aller en Bulgarie mais est finalement retonti à Brasov 1 journée après nous!

 

Alex: Un Canadien très intéressant et intéressé aussi. Parle un peu français. Idem, il était à Bucarest et il est arrivé 1 jour avant nous à Brasov.

 

Philippe: Mon 1er Québécois... il était à Brasov.

 

David et Yan: 2 Québécois de 25 ans qui sont arrivés le même jour que moi a Sighisoara et qui tout comme moi, ont collé dans cette auberge. Ce sera notre 6e nuit ce soir. Ces 2 sont de Laval, voyagent ensemble et j’ai eu bien du plaisir avec eux et...

 

Trish: Une Américaine born and raise à New York city, de 30 ans, habitant maintenant New Orleans depuis 3 ans. Elle a quitté New York quand son  mari, à l’époque 26 ans, l’a quittée pour marier une femme de... 54!!! Hum!!! Entrecroisée à Brasov, je l’ai plus connue à Sighisoara alors qu’elle est arrivée une journée avant moi. Elle quitte aussi demain et ce sera sa 7e nuit. Voila pourquoi les 4 (David, Yan, Trish et moi) avons passé de bonnes soirées ensemble à l’auberge. Avec le staff et d’autres voyageurs!

 

Tiens, le staff de Sighi mérite sa place ici aussi...

Ils sont 3 plus la femme de ménage. Rocky qui participe à chaque soiree à l’auberge, il mène présentement 3-2 contre moi dans des séries de 3 points de backgammon. Enfin quelqu’un avec qui je peux jouer rapidement... presqu’à la vitesse turque :)

Loumi, 32 ans, très gentille aussi. C’est d’ailleurs la différence avec les autres auberges, c’est que le staff s’assoit souvent avec les voyageurs et l’on jase de tout et rien. On en vient à partager leur vie!

Andrei, un grand début vingtaine dont le boulot consiste à "ramasser" des touristes à la gare. Son seul salaire est de 50 000 Lei soit 2$ canadien par voyageur ramené. Cependant, il m’a expliqué que c’était bien car quelqu’un qui travaille toute la journée peut gagner environ 200 000 lei soit  8$ CAN. Et lui peut relaxer entre chaques trains à l’auberge! Et l’été... c’est très payant!

 

Tiens... parlons salaire... J’ai su que par exemple, une employée de l’auberge à Bucarest travaille 50 heures par semaine. Son salaire mensuel? 3,5 millions de Lei. En canadien? 140$ Tiens, amusons-nous à calculer... pour faire le même salaire, Andrei doit amener 70 touristes par mois à l’auberge. D’autres questions concernant pourquoi voyager ici coûte si peu pour nous???

 

Tiens, toujours dans les observations... le paquet de cigarettes (20) coûte ici entre 60 cennes et 1,20$ selon la marque. La loi est également de 18 ans pour l’achat de cigarettes mais comme m’a expliqué un gars de 19 qui habite près de l’auberge à Sighisoara et avec qui j’ai parlé à quelques reprises, la loi n’est pas vraiment appliquée ou surveillée. Ce qui fait que de la salle internet d’où je vous écris, il y a ces jeunes de parfois 8-10 ans qui fument dans l’entrée. Ça me rappelle les amis de mon grand frère dans la cours d’école début années 80 qui fumaient leur cigarette à 10-12 ans!!! Bah, dans notre Belle Province, c’est vrai qu’ils ne fument plus la cigarette à 12 ans mais ils fument du pot alors... Mal placé pour parler héhéhé!

 

Mais il y a deux autres lois qui sont appliquées cependant...

La première, comme au Québec, il est interdit de boire de l’alcool sur des lieux publics. Comme au Québec, ça se fait, mais on cache la canette si une police approche.

La 2e, je l’ai apprise aussi de ces jeunes qui habitent près de l’auberge. De l’amie de la blonde du gars de 19 ans :)  Beaucoup de gens mangent des graines de tournesols ici... c’est très populaire. Avez-vous déjà vu quelqu’un en manger... genre Felipe Alou? Crouch crouch, spit spit, avale... crouch crouch, spit spit, avale. Ce qui fait beaucoup d’écales de graines de tournesols par terre. J’ai donc appris que l’on pouvait recevoir une amende si une police nous prenait à cracher des écales de tournesols par terre!! Hihi!

 

J’ai un peu de difficultés à rassembler mes idées puisque j’ai malheureusement peu écrit dans mon cahier ces deux dernières semaines...

 

Mais je vais terminer avec ce que j’ai vu et fait comme tel...

 

Donc à Bucarest, le premier soir, je suis allé souper avec 4 autres voyageurs. Tous les 5 ensuite avons rejoint Andrea et son amie. Elles se rendait dans un bar situé au 4e étage d’un building (!?) où avait lieu un show rock-métal roumain... le groupe Luna Amare. Le bar rappelle un peu le centre coin Ontario/St-André dont j’oublie le nom... En effet, des groupes peu connus s’y produisent, en plus ce soir là d’un lancement de livre, etc. Après être partis, avoir marché un peu, Andrea a quitté pour chez elle, Chris pour l’auberge. J’ai donc décidé de retourner dans ce bar seul et j’ai jasé jusqu’à 4h du matin avec 4 roumains. Très intéressant. L’un d’eux a pu m’informer sur une légendaire colonie de hippies vivant supposément dans le delta du Danube. Quelqu’un m’avait demandé de m’informer là-dessus. Avis aux hippies intéressés, cette colonie n’existe plus mais la ville où elle était il y a 10 ans est devenu au contraire un endroit branché et cher!!!

 

Le 2e jour fut le jour des pieds... j’ai marché comme ce n’est pas possible. Tout d’abord pour voir le Palais des Peuples, la 2e plus grosse bâtisse au monde après le Pentagone. Une autre idée de Caucescu, un homme aux idées JeanDrapeauienne mais en plus radical ! Le bâtiment est immense mais superbe. Il est maintenant le siège du gouvernement et fut complèté seulement après le renversement du régime. Il est entièrement construit de matériaux roumains! D’ailleurs, tout ce quartier a été rebâti sur une autre idée de grandeur de Caucescu. Des avenues immenses, des buldings immenses rappelant les grandes avenues de Paris. L’ironie de la chose est que les buildings de ce quartier, devant montrer l’efficacité du système communiste, sont tous coiffés de publicités géantes de Coca-Cola, Nike, Orange et Restaurant Lafleur... mais j’ai peut-être mal lu ;)

 

Le lendemain je suis parti seul pour visiter le musée d’histoire... pas de chance, l’étage sur l’histoire du pays est... fermé! J’ai pu voir les trésors nationaux, des bijoux ou artefacts d’or autant des Thraces il y a 4000 ans que les ornements de la royauté du début du siècle.

 

Le lendemain, j’ai voulu me rendre avec Chris, Andrea et Ana au Village Museum. Un genre de Village québécois d’antan mais roumain. Malheureusement c’était fermé ce jour-là. On s’est rabattu sur un film (il pleuvait) dans ce que Andrea appelle les cinémas communistes : de petites salles au son et a l’image loin d’être exceptionnels mais au prix plus bas! Troy! Mon dieu que c’est moche... Et Brad Pitt y est hilarant. De plus, Andrea est disons... très critique. Alors ses commentaires sur l’absurdité de certaines scènes était aussi rigolos que le film lui-même!

 

À noter que le premier soir, j’ai sorti jusqu’à 4h, le lendemain avec Audrey jusqu’à 4h aussi, le lendemain j’ai veillé à l’auberge jusqu’à 3h et le dernier soir, je suis sorti avec Chris et Brian jusqu’à 4h aussi!! Ouch.

 

Nous sommes partis d’ailleurs tous les 3 le lendemain pour Brasov. La fête a continué là. Nous avons vu un show gratos extérieur d’un groupe moldave dont j’ai noté le nom mais que j’ai oublié présentement... vraiment excellent. Un mix de folklore avec du rock très entrainant... des Cowboys fringuants moldaves?? Brian a acheté la cassette quelques jours plus tard d’ailleurs! De retour à l’auberge, bière et veillée jusqu’à 4h encore avec Chris, Brian et Sam.

 

Brasov est une ville charmante avec un square superbe. Bordé de maisons de style baroque, l’ancien hôtel de ville qui y trône presqu’au milieu, et des pickpockets plein les rues... :) Sans blague, c’est vraiment problématique à Brasov. Il faut y être prudent sur le square et la rue piétonne.

 

Le lendemain nous avons visité la ville, pris un cable car pour voir la vue d’en haut et visité l’église noire, appellée ainsi depuis un feu survenu en 1600 quelques... Partant pour notre randonnée le lendemain, nous fûmes plus raisonnables ce soir-là... :)

 

La randonnée!!! Wow... prenez une carte de Roumanie: Cherchez Sinaia près de Brasov. Ensuite Cherchez Bram. Voila notre randonnée. 3 jours de la fin du cable car de Sinaia à 1400 mètres d.altitude, jusqu’à Bram Castle en passant par le mont Omul à 2500 mètres.

 

Dans les montagnes, il y a plusieurs "cabanas". Des chalets où l’on peut dormir, certains ont des restos, d’autres plus rustiques... nous avions apporté notre bouffe avec nous.

 

En y revenant après coup, j’ai adoré l’expérience. Sur les lieux, à certains moments, je regrettais presque d’y être allé. Le 1er jour, du point 1400, nous avons suivi le sentier balisé jusqu’à ce qu’un brouillard épais qui laissait difficilement voir plus loin que 5 mètres devant nous, nous a fait perdre le sentier, celui-ci se mêlant avec des coulées d’eau qui forment presque des sentiers. À 15h40, nous avons finalement aperçu un chalet. Nous avions convenu que si à 16h00 nous n’avions aucune certitude d’où nous étions, nous redescendions. Bref... nous avons passé la nuit dans cette cabana, toute randonnée vers la prochaine étant impossible ce jour-là. Dans le brouillard, un chien a jappé après nous et est descendu nous voir... Il était finalement amical et en fait, nous montrait la voie à suivre si j’ai bien compris! Il appartient en fait aux propriétaires de la cabana! Vagabond 2??

 

Le lendemain nous avons quitté vers le Mont Omul. Le plus haut sommet de la région où trône une autre cabana. Tout s’est très bien passé pendant 3 ou 4 heures. S’est joint à nous un couple d’australiens qui se rendaient aussi à Omul. Nous étions donc 6. Cependant, en gagnant de l’altitude, il a commencé à faire plus froid. Le sentier traversait de la neige à certains endroits mouillant nos pieds pour notre grand plaisir :) Par contre, les vues étaient à couper le souffle! Des falaises rocheuses, des vallées vertigineuses... des plaques de neiges qui se mêlaient au vert des montagnes... superbes. Jusqu’à ce que notre ami brouillard nous rejoigne a nouveau. À certains endroits, le balisage de la piste n’était pas clair mais nous avons été assez chanceux pour ne pas avoir de brouillard à ces endroits. Lorsque le brouillard s’est mis de la partie, la piste était suffisamment bien balisée.

 

Disons qu’à un certain moment, chacun de nous a eu la frousse sans se le dire pour ne pas en ajouter j’imagine. Mais le sentier qui était sur le plat traversait une plaque de neige inclinée à environ 5-10 degrés. Le problème? À gauche, une falaise abrupte qui monte rendant impossible de contourner la neige de ce côté, à droite, une falaise... mais descendante celle la. Là distance entre les deux? 5 à 7 metres... Bref... Tu piles dans les traces de l’autre dans la neige mais tu ne glisses pas... sinon la glissade sera longue... 20 à 30 pas comme ça... j’ai trouvé ce 2 minutes long!

 

Arrivé au sommet d’Omul, la cabana est la... beaucoup plus rustique. Pas d’eau courante, pas d’électricité, une chambre de 2 et une de 4 ainsi qu’un dortoir de 30 places... chauffés au gaz. Nous étions trempés et avions une nuit pour tenter de sécher nos trucs... tout l’était au matin sauf mes bottes! Les chambres ont pu être confortable puisqu’on a isolé la fenêtre avec des oreillers et une couverture... Mais lorsque l’on veillait avant d’aller au lit, la pièce commune était à... 7 degrés celcius!! Mais charmant... tranquille, aucun bruit sinon le gaz qui brûle et le vent qui siffle. J’oubliais de dire que la toilette était à l’extérieur... Faut avoir envie pour y aller !!! :)

 

Le lendemain, la decente s’est bien deroulée, mais les nombreuses roches ont détruit mes chevilles! Malgré tout, je ne regrette pas du tout d’y être allé...

 

Fait amusant... lors de notre départ d’Omul le matin, un des chiens "habitant" là nous a accompagné. Jusque là ça va... mais il nous a accompagné jusqu’à Bran... 5h15 de randonnée!!! J’imagine que ce n’est pas la première fois qu’il faisait cela... Mais quel chien! Il marchait devant nous, nous montrant la piste j’imagine. J’ai eu la toune du Vagabond dans la tête pendant 2 jours après ça!!!

 

Le château de Bram est présenté comme le château de Dracula. En fait, Vlad Tepes dit aussi Draculae (qui veut dire fils du dragon, son père étant membre d’un ordre à l’époque) n’a jamais habité là... ni régné là... Il a en fait régné dans le Wallachia, dans le sud du pays. Pourquoi ce château alors? C’est que c’est ce château dont s’est inspiré Bram Stocker pour écrire son histoire et a situé le compte Dracula en Transylvanie... une erreur de géographie tout simplement.

 

Retour pour une nuit à Brasov oà je me suis couche à 6h du matin pour écouter le match 6 de la coupe Stanley... qui s’est fini en 2e prolongation.

 

Le lendemain, je suis parti pour Sighisoara où je me trouve depuis 6 jours... Je quitte demain samedi... et je vous parlerai de cette ville dans mon prochain mail...

 

À bientôt et prenez soin de vous!

 

Michel

 

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Faut voir à la hauteur des tournesols!

 

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