Jour 73 - Moscou (l'Ukraine)

Quoi un sous-titre?? Eh oui! Bien qu’à Moscou depuis déjà 3 jours, je n’en parlerai pas ici. Ce courriel portera sur mon court séjour de 12 jours en Ukraine.

 

Si le tour du monde peut se faire en 80 jours, pourquoi pas l’Ukraine en 12? Mais je vous le dis: c’est court! Comme me l’a dit Stuart, un Américain rencontré à Bucarest, dans un de ses courriel: "Dude, You are running through Ukraine like a wildfire!"

 

Bon tout d’abord je suis désolé pour ce long laps de temps. Les clubs internet se faisaient discrets. Je suis aussi désolé pour mon dernier courriel de Bucarest qui était surtout une énumération de mes péripéties. Mais le lit m’appelait et me disait: "Va dormir au-moins 4 heures avant de prendre le train pour Lviv". J’ai donc tourné quelques coins ronds! Ça m’en fera de plus à raconter au retour. :)

 

Une seule chose peut-être... La corruption des policiers est peut être compréhensible sous un certain angle. Je vous avais déjà dit qu’une fille travaillant 50 heures par semaine à l’auberge gagnait 3 500 000 soit 140$ par mois. Une bartender à Vama Veche m’a dit que dans un bon bar, elle peut aller chercher 10 000 000 par mois soit 400$. Salaire d’un policier non gradé à Bucarest? 4 000 000 par mois! Et toc!

 

Tiens aussi, le seul article que j’ai vu en Roumanie parlant des élections canadiennes était un petit article de type fait divers et disait qu’il y avait un parti Marijuana en lice aux élections. Et un petit mot du "liderul partidului" Marc-Boris St-Maurice!

 

Donc en route vers l’Ukraine...

 

C’est comment? Tout d’abord c’est plus large que le reste de l’Europe. Je parle bien sûr de la voie de chemin de fer! En effet, l’Ukraine, la Russie, la Mongolie et je devine le Kazakstan aussi, ont une voie ferrée légèrement plus large que les autres pays. La raison n’était pas bête au départ: Faire en sorte qu’un pays désirant envahir la Russie ne puisse se servir de ses trains pour approvisionner le front ou y utiliser ses trains. Et aujourd’hui? Ben c’est beaucoup de trouble. 1h30 de délai supplémentaire à la frontière pour admirer un système impressionnant. Les wagons sont séparés un à un sur une voie ferrée spéciale (les deux largeurs de voies sont présentes) avec un espace dessous pour que des hommes puissent y aller. Ceux-ci défont le "buggy", la partie avec les roues qui soutient le wagon. Le wagon est ensuite soulevé littéralement par des supports hydrauliques de chaque côté. Les buggies sont retirés et défilent sur les rails, on amène les nouveaux de la bonne largeur, et on descend les wagons sur les nouveaux buggies! Pendant tout ce temps, on reste dans le train et on attend!

 

Dès mon entrée, des douaniers visiblement peu au courant des nouvelles procédures me demandent mes vouchers d’hôtels, ou des adresses d’amis, etc. J’ai un visa je n’ai donc pas à présenter le tout. Je n’en ai pas de toute façon. On me ramène tout de même mon passeport étampé en me précisant que "le superviseur veut me parler". Alors j’attends... et attends... et finalement le train repart sans qu’aucun superviseur ne soit jamais venu. Un Ukrainien me dira ensuite qu’ils essayaient de m’intimider pour voir si j’allais offrir quelque chose! Bienvenu en Ukraine, pays du pot-de-vin, pays où tout s’achète, pays ou une carte "d’aide-policier" offre des rabais un peu partout telle une carte ISIC.

 

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Ici je vous offre une parenthèse sur tout ce qu’un enchaînement de décisions peut influer sur ce qui nous arrive plus tard sans qu’on ait pensé à prime abord à ces résultats... ou en mots plus simple, une pensée sur ce qu’on appelle aussi, l’effet papillon.

 

Je peux remonter à Costinesti en Roumanie. À ce moment, 5 minutes avant le train pour Vama Veche, j’ai hésité à aller là "pour une seule journée". J’y suis finalement allé (voir le courriel Jour 55) et ce train précis m’aura permis de rencontrer Kocim et d’être hébergé gratuitement en plus de rencontrer les Français au bar de Kocim. Ma décision de rester 2 nuits de plus à Vama Veche aura fait en sorte que j’ai pu avoir un bien meilleur tour du delta que je ne l’aurais eu étant seul. Cela a évidemment retardé mon arrivée en Ukraine. D’autant que je suis resté une journée de plus à Bucarest pour faire mon lavage, relaxer et tout.

 

Tout ça m’a amené en Ukraine à cette date précise. À Chernivtsi, en Ukraine, je dois faire un changement de train mais aussi réserver un lit car je n’ai que mon billet pour cette dernière portion. Et il faut une place réservée. L’Ukrainien avec lequel je parlais me dit de le suivre, il va m’aider. Je devais prendre le train de 21h20 mais comme il y’en a un à 20h50, soit dans 5 minutes, la femme au guichet dit qu’il est trop tard et de me rendre directement au train! (Heu c’est pas le bon train mais je suis quand même l’Ukrainien, et me sens un peu dépassé par les événements). Rendu là, il demande au responsable de wagon de me prendre à bord. Mais je n’ai ni Hrivna (monnaie ukrainienne), ni US dollars (monnaie internationale hihi). Alors l’homme refuse. L’Ukrainien insiste. Une amie à lui rencontrée sur le quai nous rejoint. Elle a des Hrivnia, je lui échange contre des Lei (monnaie roumaine). Le train roule déjà, l’escalier est fermé. Les employés de train refusent de m’embarquer, il est trop tard. Moi dans tout ça je ne décide rien!! Je suis précipité dans tout ça, me disant que y’a un autre train de toute façon! Finalement, on me laisse monter. Je paie ma place (sans reçu :)) au responsable de wagon qui me donne un lit et m’explique que ce train arrive plus tôt à Lviv. OUF! Tout ça m’ammène à arriver à une heure que je ne devais pas à Lviv. Ce qui fait que lorsque j’arrive au charmant Hotel Lviv (un bloc de béton mais avec des chambres à 13$ et extrèmement bien situé) je rencontre deux femmes de l’Alberta qui, étonnament, ne sont pas des red necks hihi! Mireille, Franco-Albertaine et Brigitte.

 

Bon d’accord, vous pouvez dire : tout ça pour ça... c’est un hasard c’est tout. Toujours est-il que j’ai pu, en les rencontrant, faire une visite guidée de 3 heures à pied dans Lviv avec un excellent guide, ancien prof d’histoire, qu’elles avaient rencontré et pour un très bon prix. J’ai aussi assisté à mon premier ballet à vie pour 5$. Et j’ai passé deux journées à visiter Lviv avec elles. Et pourtant, c’est une succession de petites choses qui a fait que je me trouvais à la reception de l’hôtel en même temps, c’est une succession de petites choses qui a fait que j’ai rencontré Tic et Laurent à Vama Veche, c’est une succession de... bref vous comprenez? :) Et de savoir que chaque choix influence est étourdissant. Surtout qu’on ne choisit pas en fonction du résultat final. Je n’ai pas décidé de marcher de la gare de Lviv à l’hôtel pour passer deux jours avec deux Canadiennes mais bien parce que je n’avais pas un Hrivnia en poche.

 

Tout ça me fait sentir tout simplement chanceux d’être bien tombé partout dernièrement.

 

Bref!

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Lviv est une ville charmante. Très polonaise en apparence. Épargnée par la guerre et ses bombaredements tout comme Cracovie. La ville est remplie de petits cafés, de charmants restos à découvrir, au hasard des rues que l’on se plait à explorer. Et sans le savoir, on finit toujours par revenir à une rue que l’on reconnait. On s’y plaît rapidement. La ville est très relaxante, propice à s’asseoir et à apprécier. L’air y est frais en soirée et la plupart des lumières de rues éteintes ce qui accentue l’effet "petite ville". De plus, Prospect Svobody, l’avenue centrale est très jolie. Rue avec en son centre, un large parc qui sépare les voies de gauche et de droite, et au bout de la place centrale: l’opéra. Évidemment, on y retrouve dans ce parc les hommes jouant aux échecs sur les bancs. J’ai d’ailleurs joué un match pour 5 Hr avec un de ceux-là. J’ai perdu vous pensez bien. Mais je me suis repris au backgammon contre un autre et j’ai repris mes 5 Hr. :) Maudit que je suis fort au backgammon :)

 

Brigitte et Mireille sont étourdissantes. En voyage pour 3 semaines, elles ont un rhytme de visite beaucoup plus chargé que moi... Mais après cinq jours à la mer et deux dans un bateau, ça me va. Nous visitons la ville avec le guide, nous visitons aussi le lendemain un village historique du genre du Village québécois d’antan. Beaucoup plus grand et mieux disposé que celui de Bucarest. Très intéressant comme musée. Le soir, à 18h, c’est l’heure de se rendre au ballet. En montrant nos billets, la femme nous présente 3 sièges au fond, à l’arrière, derrière une colonne. On se questionne; cela devait pourtant être de bons billets. Et la femme à la billetterie nous avait montré un autre endroit sur le plan. En lisant plus attentivement mon billet, je me rends compte qu’il est écrit en cyrillique "loja 5"... Vive le français! Je me dis qu’effectivement nous avons la loge 5. On ressort dans le corridor, je m’avance vers la porte de la loge 5. La placière regarde à nouveau mon billet et me fait signe que c’est ok. Bravo championne!!!! Comme dit mireille, peut-être qu’elle gardait les places pour ses amis ou les revendre. :) Après le ballet et un dernier souper avec les deux Albertaines, je me rends à un bar présentant la finale de l’Euro Cup, un des seuls à Lviv à le présenter. Cela fait contraste d’avec la Roumanie! Le bar est complet et bondé. Mais ils ont eu l’amabilité de placer des téléviseurs dans les fenêtres ce qui fait que je me retrouve avec une vingtaine de personnes sur le trottoir à regarder l’Euro. Spécial! :)

 

Ici je me dois d’introduire Roman. Il s’agit du directeur de la toute neuve Fédération d’auberges de jeunesse en Ukraine. Il habite Kiev et je l’ai rencontré en mars dernier alors qu’il était de passage à Montreal. Avec la présidente de Tourisme Jeunesse à mon ancien boulot, nous lui avons fait visiter l’auberge de Montréal et la boutique TJ... Il savait que je venais en Ukraine. Voilà pour la présentation.

 

Je lui ai donc écrit pour lui dire que j’étais en Ukraine. Il m’a dit qu’il était content que je sois là à ce moment précis puisque le lundi, ma dernière journée à Lviv, il y a une conférence de presse pour l’ouverture de la nouvelle auberge de jeunesse de Lviv. Il me demande si je veux être présent, ce que j’accepte. Lui n’y est pas, mais il me met en contact avec une Américaine qui travaille pour eux. Je visite donc l’auberge, donne mes commentaires sur ce qu’il y a à améliorer et assiste à la conference de presse. On m’a même demandé de faire un commentaire!! :)

 

Le soir même, je prends le train de nuit pour Kiev. Roman va m’attendre au matin à la gare et me propose de dormir chez lui :) Yé!

 

Ce jour-là, avant de partir, je me promène encore dans la ville... après l’offre de Roman, la beauté de Lviv, toute la chance que j’ai eu d’être bien tombé depuis plusieurs jours ou même semaines, j,ai eu un de ces moments d’extrême lucidité en voyage. Là où on réalise vraiment et pleinement toute la chance que l’on a d’être là à ce moment présent, d’être à l’étranger, voyageant de la sorte. On a conscience d’apprécier tout ce qui nous arrive, ce qui nous entoure. Tout ça alors qu’il pleuvait et qu’il faisait soleil en même temps. Ce n’est pas une image, c’est ce qu’il faisait. Un moment de bonheur intense! Même une larme de joie!

 

Retour à la réalité. Petit essai pour un passe de cash encore une fois: l’attendante du wagon dans le train Lviv-Kiev me dit que c’est 20 Hr de plus que j’ai à payer vu que je n’ai pas de No déterminé. Mais ma résa est déjà payée, c’est tout simplement que la dame à la billeterie ne pouvait la réserver pour une raison compliquée que je n’expliquerai pas ici. Dah. J’ai demandé à l’achat du billet pour être certain et je n’ai RIEN à payer de plus. Je gueule un peu et obtiens gain de cause. Elle va quand même me charger 11Hr pour les draps qui doivent en coûter 7. Je le saurai plus tard ca!

 

Me voila à Kiev... Étonnante... Surprenante. Je m’attendais à ce que Moscou soit plus moderne que bien d’autres villes, mais Kiev je ne m’attendais pas à une telle beauté. J’imaginais une autre grande ville de l’est, comme Bucarest ou Sofia. Mais c’est plus que ça. Plusieurs églises ou monastères ont été rebâtis récemment, donnant aux multiples toits dorés de toute ces églises un éclat presqu’aveuglant. Et chaque église est peinte de couleurs vives, bleues, jaunes. C’est sans compter sur de superbes avenues bordées d’arbres, avec de larges promenades, des bancs, des fontaines. Et le tout s’emplissant de monde après 18h qui se rejoignent là pour discuter, se rencontrer entre amis après le boulot, prendre une bière ou deux au soleil. L’avenue kristchiatik et le square de l’Indépendance, adjacent, sont un plaisir pour les yeux et le moral en fin de journée. La ville n’est pas que jolie, elle est très vivante.

 

Kiev n’a rien à voir avec ce qu’on peut s’en imaginer. Elle n’a non plus rien à voir avec Lviv, qui est beaucoup plus tranquille, reposante. Et pourtant Kiev n’est pas étourdissante non plus. Elle est agréable à vivre, agréable à marcher. Une très belle surprise.

 

Visiter Kiev ou n’importe quelle ville avec Roman est essouflant. Il ne s’arrête jamais ou à peine plus de 5 minutes sur un banc. :) Malgré tout, j’ai pu voir et vivre de beaux moments à Kiev avec lui et sa femme Lina. Choses que je n’aurais pas sues être allé seul à l’hôtel par exemple. (Tiens, encore un hasard bien déterminé par des choix passés!) Le premier soir que je suis arrivé, il y avait une fête populaire en Ukraine qui a lieu le 6 juillet. Le tout se déroulait dans un autre House Museum comme à Lviv mais en beaucoup plus vaste. Dans une clairière, l’on vendait la vodka, les Shashlik (brochettes de viande cuites sur feu ou charbon de bois), et autres nourritures de foires. Beaucoup de filles portaient des couronnes de fleurs (faites avec ce qu’elles trouvaient sur place, et les faisaient tenir je ne sais comment). Les célibataires iront les déposer sur la rivière plus tard pour que la couronne trouve un homme célibataire. De plus, on allume un feu par-dessus lequel tous les gens iront sauter. Si l’on saute en tenant la main de sa blonde ou de son chum et qu’on ne se lâche pas la main, cela veut dire que c’est pour la vie. Et d’autres sautent seul pour le plaisir uniquement ou avec un ami pour voir si l’amitié durera. Si je me fie à ce que j’ai vu, il y aura très peu de divorce ou de chicane d’amis en Ukraine héhéhé!!

 

Le lendemain soir, autre célébration. Créée de toute pièce cette année. On célèbre donc, pour la 1ère année, la Journée de la Dniepr, la rivière qui traverse Kiev. À cette occasion, Il y avait une scène installée sur la rivière avec des chants et danses folkloriques. À la fin, Roussina ou Roussiya je ne me souviens plus, est venue faire une performance de 4 ou 5 chansons. Roussiya est Ukrainienne et est la gagnante du dernier concours Eurovision, un concours qui a lieu chaque année en Europe avec un représentant de chaque pays. (Abba l’ont gagné jadis :)) Si elle a pu remporter ce concours, Jo, dit à Andrée que si elle était Européenne, elle pourrait gagner Eurovision anytime!

 

Je suis donc resté 3 jours à Kiev. Roman se rendait avec Lina le vendredi suivant à Sevastopol pour visiter une future auberge et m’a invité à les accompagner.

 

L’auberge est en fait dans une banlieue de Sevastopol nommée Balaklava. (Et non Baklava attention!) Bizarrement, c’est là que j’y passerai le plus de temps: 5 jours! Sevastopol était un port militaire très important pour la flotte russe. D’ailleurs jusqu’à 1998, la ville était fermée au tourisme. Idem pour Balaklava. Même si Balaklava fêtera ses 2500 ans de civilisation sur son territoire cet automne, le village moderne fut créé il y a 25 ans seulement. Cependant, depuis les années cinquante, cet endroit, situé dans une petite baie très fermée donnant sur la mer Noire, abritait un abri ultra-secret pour les sous-marins. On pouvait les charger de missiles nucléaires. Il s’agissait également d’une base de stockage et de bombardement chargée d’attaquer des cibles Européennes en cas de guerre nucléaire. Cet immense abri, construit en 7 ans, de nuit seulement, creusé dans la montagne, pouvait aussi abriter 3000 personnes incluant 8 sous-marins et tout leur équipage pendant 1 mois en cas d’attaques nucléaires. Aujourd’hui, cet endroit est déclassé et abandonné. Il est possible de visiter une partie de cet abri avec un tour guidé. Ce que j’ai fait et ai pu comprendre grâce à Roman qui me traduisait au fur et à mesure. L’endroit est très impressionnant. Immense à l’intérieur. Il y faisait plutôt froid par contre et cela contrastait avec la température chaude et ensoleillée à l’extérieur.

 

Sevastopol est également une ville plutôt tranquille et agréable. On y retrouve d’importantes ruines d’une ancienne ville grecque. Des fondations surtout, mais aussi quelques ruines de temples. C’est aussi à cet endroit que le premier tsar à accepter la Christianité (orthodoxe) a été baptisé. L’endroit est donc très important pour les Ukrainiens et pour les Russes.

 

On peut aussi se baigner évidemment. Dans cette région, les plages ne sont pas de sable mais de pierres. Et en bord de mer, de superbes falaises de grès sont disposées, exactement comme ce que j’imaginais de la Crimée. On trouve en fait des plages de sable superbes en Crimée, mais pas dans la partie ou j’étais...

 

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Parlons administration et bureaucratie... j’adore!

 

Tout d’abord à Kiev, j’ai essayé d’obtenir mon visa pour la Chine sans succès. Le consulat est ouvert les mardis et jeudis de 9h30 à 12h30. Étant arrivé mardi en après-midi, j’ai dû y retourner le jeudi.

1er plaisir: On me demande une invitation car "pour les Ukrainiens, ça prend une invitation". Oui mais je suis canadien, et je n’en ai pas besoin! "Oui mais nous, ça nous en prend une pour vous émettre un visa! Ou bien une lettre de votre ambassade". Je me rends à l’ambassade donc. Service très correct, excellent même... mais ils ne font pas ce genre de lettre!

 

Deuxième point maintenant, l’extension de mon visa ukrainien.

Roman connaît une fille dans le service qui pourrait m’aider. Je la rencontre donc, elle me dit qu’elle peut sûrement l’obtenir sans mon passeport et que je peux donc l’utiliser pour aller à l’ambassade chinoise. Elle me dit qu’il n’y a pas de problème, elle est sûre de pouvoir l’avoir!

 

2e plaisir: Finalement, elle recontacte Roman pour dire que ça va couter... 300 Hr, of course. C’est 75$. Pour 5 jours d’extension, c’est beaucoup.  Je décide d’y penser un peu.

3e plaisir: On est déjà en route pour Sevastopol et finalement elle a besoin de mon passeport pour le faire. Pas pu le dire avant? Si je décide de le faire, je dois donc rester à Balaklava le samedi et dimanche soir, aller à Yalta, une autre ville que je voulais voir en Crimée, le lundi et mardi, prendre un train de nuit pour Kiev le mercredi soir, faire faire mon extension le jeudi, retourner en train de nuit à Odessa pour 2-3 jours! Ouf...

4e plaisir: Le lundi, Roman me dit qu’à Sevastopol, je pourrais sûrement le faire faire ce qui m’éviterais de retourner à Kiev pour rien. Il se rend donc à l’organisme de Balaklava qui opère l’auberge et un musée local, appelle le service de passeport à Sevastopol pour s’informer, me fait obtenir une lettre de l’organisme comme quoi "je faisais du bénévolat pour eux à Balaklava et désire rester plus longtemps pour découvrir un peu plus la Crimée" et il s’arrange avec la stagiaire du musée qui parle anglais pour qu’elle vienne avec moi à Sevastopol le lendemain.

5e plaisir: On se rend à Sevastopol, le gars responsable décide que je ne peux pas obtenir d’extension car j’ai un visa de touriste et que si je suis arrivé plus tard en Ukraine, c’est ma décision mais il ne peut rien faire pour moi (et n’ouvre pas la porte pour un pot-de-vin non plus). Ainsi va l’administration ici. Elle ne repose pas sur des règles ou des lois mais sur l’humeur de la personne en charge ou encore de SA façon d’interpréter ce qui se fait ou pas ou encore de l’enveloppe qu’on lui glisse sur le comptoir.

6e plaisir: Roman me dit que même si je reviens à Kiev, ce ne sera pas en bas de 300 Hr, c’est probablement ce prix parce que justement c’est un visa touriste et qu’ils ne voulaient peut être pas l’extensionner.

7e plaisir: J’avais pourtant prévu le coup et demandé un visa de 3 mois, comme me l’avait suggéré la personne du consulat Ukrainien à Ottawa quand je lui avais parlé au téléphone. Sauf que sur place on m’a dit que c’était impossible de faire un visa de plus d’un mois. On parle d’interprétation selon la personne?

8e plaisir: Mireille et Brigitte, Canadiennes également, ont reçu un visa de 3 mois et l’autre de 4 mois alors qu’elles ne demandaient que 2 semaines!!! Merci la logique!

 

Avec tout ça, je me retrouve donc le 15 au soir à Moscou en Russie! Tiens, pour finir...

9e plaisir: Je dois absolument quitter le pays, donc avec un train le 14. Je n’ai pas assez d’argent pour le train de 17h20. Je dois donc retourner au centre-ville retirer de l’argent, revenir à la gare et acheter mon billet pour le slow train de 18h40... au même prix que le fast!

10e plaisir: Aucun douanier ne m’a visité à la frontière russe ce qui fait qu’en ce moment, je suis un illégal ici tant que je ne serai pas enregistré! Je ne suis PAS en Russie présentement... sur papier! :)

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Superstitions et dictons à propos de l’alcool:

*On ne laisse pas une bouteille vide sur la table, ça porte malheur... ou ça veut dire que vous n’en aurez plus du tout. :)

 

*Avec la vodka, il ne devrait pas y avoir de laps de temps entre le 1er et le 2e toast.

 

*Le 3e toast est en l’honneur des femmes... toujours!

 

*Un nouveau créé ce soir-là, le 4e, le canadien choisit à la santé de quoi nous buvons. :)

 

*Y’a pas eu de 5e! :)

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Pour les amateurs d’histoire, je dois dire qu’à Balaklava, j’ai pu visiter un petit musée mais riche en informations grâce à la guide qui parlait anglais. L’exposition temporaire se tenait en raison des 150 ans de la guerre de Crimée.

 

Pour ceux que l’histoire intéresse moins, vous pouvez sauter cette partie. :)

 

Je connaissais de nom cette guerre mais connaissait peu les enjeux, les débuts, les parties impliqués, etc.

 

En fait, le tout a commencé avec l’invasion russe du pays Ottoman (turcs), l’endroit où se trouvent la Bulgarie et la Roumanie présentement. La Russie voulait tout simplement avoir un accès à la mer Méditerannée. C’était en 1853. L’Angleterre et la France, redoutant l’expansion de la Russie aidèrent la Turquie en s’alliant à eux. Ils attaquèrent donc la Crimée et la région de Sevastopol en 1854. La guerre allait durer jusqu’en 1856. Les Turcs avaient perdu un peu de leur lustre et ne pouvaient vraiment aider les Anglais et les Français dans cette guerre. Ils se retrouvaient donc à leurs côtés comme subordonnés ou aides. Plus tard, des Italiens viendront également joindrent leur force aux trois pays. Ils ne voyaient pas l’intérêt de cette guerre mais sont intervenus à cause d’un traité les alliant à ces deux pays.

 

La flotte russe sera anéantie par la très puissante armada anglaise. Durant cette guerre furent même utilisées pour la première fois des torpilles auto-propulsées. Vive le progrès! Ensuite, le siège de Sevastopol durera 300 jours.

 

À la fin de cette guerre, remportée par les alliés, l’Angleterre et la France qui prenaient la Crimée la rendront presqu’immédiatement à la Russie en échange d’un traité qui interdit à la Russie d’attaquer de nouveau vers la

Méditerannée. Cependant, durant plusieurs années, des Anglais et des Français resteront établis dans la région. Plusieurs bâtiments de Balaklava au bord de l’anse d’ailleurs, furent bâtis par des Anglais.

 

Quelques anecdotes de cette guerre:

* C’est durant cette guerre que furent prises les premières photographies de guerre. Les précurseurs de James Nachtway et autres. :) Un Anglais s’est d’ailleurs rendu à Balaklava pour prendre les premières photographies de guerre. Il avait tout le matériel avec lui. Malheureusement, il est mort avant d’avoir pu prendre une seule photo. L’histoire ne retiendra pas son nom, mais d’autres prendront sa place!

 

*Durant cette guerre aussi que Nicolai Ivanitch Pirotov, un docteur, tentera d’améliorer les conditions et la médecine de guerre. Entre autre en séparant les types de blessure, les amputés, les malades, les infectés, etc.

 

*Tolstoi, célèbre auteur russe était officier durant la guerre de Crimée. Les Russes qui étaient sur leurs positions sur la rive nord de Sevastopol ont dû retraiter sur la rive sud, incapables de soutenir l’avancée alliée. Tolstoi était de cette bataille. Cela se passait un 27 août, jour du 27e anniversaire de Tolstoi né aussi le 27 août! Même si le bouquin n’est pas sur cette guerre, c’est suite à sa participation à la guerre de Crimée qu’il écrira son célèbre livre "Guerre et Paix"

 

*Suite à une tempête de neige (en Crimée, ça arrive parfois), les Français ont commencé à vouloir prévoir la météo de façon "scientifique"... autres débuts!

 

*La première femme d’Angleterre en Crimée durant cette guerre, venue pour soigner les malades était... Florence Nightingale!

 

*Enfin, je m’étonne toujours de la "courtoisie" des guerres à cette époque. Alors que Wolfe et Montcalm s’envoyaient des cadeaux et des éloges par lettres en 1760, c’était la même chose en Crimée 100 ans plus tard. De plus, on voit des photos de Russes et d’Anglais ensemble quand il n’y avait pas officiellement bataille!

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Pour terminer, un mot général sur l’Ukraine. Bien sûr que j’y retournerais pour l’explorer plus : 12 jours c’est court. Je n’ai même pas pu voir non plus Odessa. J’aurais aimé visiter plus l’ouest de l’Ukraine qui est en fait la "vraie" Ukraine. En effet, dans la partie ouest, les gens parlent ukrainien, ont une fierté ukrainienne. Si on leur dit Dakuyi plutôt que Spaciba (les deux veulent dire merci), on voit tout de suite une différence, un sourire poindre. Le centre, la Crimée et l’est c’est... la Russie! La langue, la mentalité et même l’appartenance en Crimée et dans l’est comme vers Donetsk. J’aimerais bien explorer cette partie tout de même. Je n’en ai rien vu. Kiev est entre les deux. Les écritaux se retrouvent dans les deux langues (pas un plus gros que l’autre hihi), on parlera ukrainien au boulot parfois et en ukrainien dans les classes d’école. Mais en Russe à la maison. Lia, la stagiaire de Balaklava qui vient de Kiev, me disait que chez les jeunes, cela changeait un peu. À la maison, elle parle russe avec ses parents. Avec ses amis, elle va parler ukrainien ou même un ukrusse (je viens de l’inventer, comme le franglais). Ukrusse qui fait d’ailleurs rire les Russes et dire des Ukrainiens qu’ils ne parlent pas bien.

 

Les gens y sont très gentils. Étonnamment réceptifs même quand on ne comprend pas ce qu’ils nous disent ou qu’on ne peut leur parler correctement dans les boutiques, les restaurants, etc. Un contraste avec d’autres pays slaves. En majorité, on le prenait en riant plutôt qu’en exaspération. Un bon point.

 

Et si les auberges se développent au rhytme que le souhaite Roman, avec les procédures de visa maintenant simplifiées, son excellent système de train, l’Ukraine est prête à vous accueillir l’an prochain. Peut-être même rapidement avant qu’elle ne change encore plus! Bon vendeur?

 

À bientôt... Je vous écris un mot sur mon impression de Moscou très bientôt...

 

Profitez de l’été!

 

Michel

 

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Faut voir à la hauteur des tournesols!

 

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