Jour 81 - St-Pétersbourg (Moscou)

Moscou...

La Russie...

 

J’y suis!

 

J’ai une étrange impression d’être arrivé à mon but. Même si mon voyage est de voyager partout où je suis sensé aller, j’ai l’impression actuellement que tout ce qui était avant Moscou était la route pour m’y rendre... et que tout ce qui suivra est la route pour la quitter. Ou que c’est le chemin du retour. Je suis au milieu de mon voyage temporellement parlant et mentalement parlant également. Étrange impression!

 

Moscou.... Prenez toutes les images anciennes que vous avez de Moscou, exceptée la vision traditionelle de la place Rouge, des murs du Kremlin et de la cathédrale St-Basile. Prenez toutes les autres images, mettez-les dans un sac, jetez sur le bord du trottoir les mardis ou vendredis si vous habitez mon quartier. Moscou ce n’est pas ça. Moscou: Le retour du balancier aura été aussi fort que l’était l’élan donné du côté communisme auparavant. Moscou centre symbolique et réel du communisme est maintenant une ville plus capitaliste que plusieurs villes que j’ai vues ou que j’habite. L’argent règne en maître et on l’exhibe fièrement. Moscou une des villes les plus chères au monde. La troisième selon un classement de magazine mais les critères sont à discuter. Tout le monde ne vit pas dans un 5 étoiles à Moscou. Moscou c’est Cash City dont parlait Luc de la Rochelière. Pour lui c’était Toronto, pour moi c’est Moscou. Tout s’achète, tout se vend. Les articles de consommations, le prestige, les autorisations, les papiers, les polices, les militaires, les douaniers, les gens en général. Même les femmes! Point de vue d’après-guerre où être une femme modèle est d’avoir un mari qui vous fait vivre, pendant que vous vous appliquez à faire de bons plats, garder la maison propre, et vous faire belle pour lui. Évidemment, il prendra les décisions puisqu’il apporte les revenus! Moscou c’est les magasins de luxe au centre-ville, c’est les Mercedes, les Alpha-romeos, les BMW, les grandes marques de vêtements. C’est les restos huppés qui se remplissent chaque soir. C’est les discothèques à cover de 300 roubles (15$ canadiens), c’est les "face control" à l’entrée de ces mêmes bars. Moscou c’est aussi les policiers, les milices, les militaires, les gardiens, les habits bleus à casquette de toutes sortes que l’on peut trouver partout. Ce sont les mêmes policiers à la recherche de revenus supplémentaires en contrôlant quelques passants et disant que leurs papiers ne sont pas en règle pour recevoir un boni de 100 ou 200 roubles.

 

Ceci étant dit et surtout ceci étant vu, après quelques jours on voit aussi une autre ville, appelée Moscou. Moscou c’est grand, c’est vaste, c’est etendu. Mais c’est aussi extrêmement vivant. C’est quelque chose à voir ou à faire à chaque tournant. Dans chaque rue. C’est énormement de parcs, d’allées bordées d’arbres, de terrains gazonnés en bordure de la Moscova, cette même Moscova qui serpente au-travers de la ville plutôt que de la traverser en ligne droite, comme si elle voulait donner le plus de chances possible à ses riverains de pouvoir la contempler. Sûrement polluée comme toutes les rivières, la Moscova a tout de même un quelque chose de gracieux dans sa façon de défiler. Et chaque matin de la fenêtre de mon appart, je pouvais la voir faire un S juste devant moi.

 

Moscou, c’est aussi beaucoup de gens à l’extérieur. Ce sont les Moscovites qui prennent d’assaut chaque place publique, chaque square, chaque parc dès la fin de la journée de travail arrivée. Une bière à la main, marchant tranquillement toujours bien habillés pour la plupart (les apparences sont importantes) ou relaxant sur un banc, une bordure de fontaine, le soleil encore haut à 19h00 vu la position géographique de la ville. On discute, on relaxe avec ses collègues, ses amis, son prétendant ou sa compagne de vie.

 

Moscou, c’est vaste. On y marche beaucoup, on y prend beaucoup le métro et le temps de déplacement dans une journée est considérable. Quoique pour ce qui est de marcher, je le compte comme un moyen de voir la ville... :)

 

C’est une brève description de Moscou, c’est le paradoxe de la ville. Mais après 11 jours passés à cet endroit,  je peux dire que je l’apprécie. Cela m’aura pris 3 ou 4 jours mais je l’apprécie. La connaître aide beaucoup. Je resterais bien plus longtemps pour l’explorer encore plus, la vivre plus. Mais je ne serai pas le prochain Heidi Hollinger non plus! (À votre Google pour savoir de qui je parle :))

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Qu’ai-je fait à Moscou durant 11 jours?

 

Tout d’abord je me dois de vous présenter Elena. Elena est une Russe qui m’héberge chez elle gratuitement, ce qui lui permet de converser en anglais. Son anglais est très bon, mais elle sent que quand elle ne le pratique pas pendant un certain temps, elle le perd... ce qui est normal!

 

Elle a 36 ans. Elle travaille de façon autonome en faisant des vêtements et des trucs modes chez elle. Des contrats à gauche et à droite. Elle a déjà voyagé à Londres, en Thaïlande, aux Philippines et à Singapour.

 

Elle est vraiment très gentille et très bien équipée pour recevoir ses amis de l’étranger qui la visitent parfois... ou pour elle je ne sais pas. Mais elle possède plusieurs guides sur Moscou, des cartes et connaît très bien sa ville ce qui rend le tout très intéressant.

 

Et si, au début, on se sent plus étranger, qu’on ne veut pas déranger, qu’on ne connaît pas trop, plus les jours passaient, plus j’ai pu comprendre son humour particulier et on s’entend bien. Elle est même sortie avec Elvira, une Autrichienne rencontrée à Bucarest, et moi samedi soir.

 

Elle est née et élevée à Moscou, trouve la ville sale, n’aime pas les Caucasiens (originaires du Caucase) comme beaucoup de Moscovites, ne fait pas confiance aux vendeurs de kebab s’ils ont des traits caucasiens, voit les relations homme/femme comme on les voyait il y a 30 ans, également comme beaucoup de Moscovites ou de Russes (voir plus haut!)

 

Mais j’ai vu beaucoup de choses sur ses recommandations que je n’aurais pas vu autrement. J’ai aussi pu vivre la vie de banlieue ou la vie "hors-centre-ville" ce qui est d’autant plus apprécié. Mais si j’ai fait moins de "sightseeing", j’ai pu voir un autre côté de Moscou!

 

Maintenant, qu’ai-je fait de mes journées? Hum beaucoup de bureaucratie et de trucs utiles pour commencer!

 

J’ai dû arranger quelques trucs comme aller à l’ambassade canadienne pour m’informer des conséquences de mon "pas d’étampe!" (Voir mon précédent courriel) pour me faire dire que c’est de ma faute, que j’aurais dû aller voir un douanier! Et aussi que la responsable du wagon qui m’a "offert" de me mettre une étampe pour 300 roubles (que fait-elle avec une étampe officielle?), et bien c’était un service qu’elle me rendait. À 300 roubles, la dame de l’ambassade ne considère pas que c’est un pot-de-vin, une "bribe". Bref le système est parfait et tout est de ma faute.

 

Ce qui arrive, c’est que si je n’avais pu m’enregistrer comme me le disait la dame de l’ambassade, j’aurais eu énormement de problèmes à la sortie. J’aurais peut-être même dû quitter assez rapidement. Pour vous dire à quel point mon moral est bon présentement, j’ai tout de suite établi des plans B, C et B bis. :) J’étais prêt à retourner en Roumanie, apprendre la langue, travailler à aménager la cour de l’auberge à Sighisoara en échange d’un lit et de la bouffe. Ou de visiter les pays Baltes ou même de prendre un vol de retour avec Air France, faire un stop à Paris et visiter mes amis en France. De me retrouver avec une totale liberte, de sentir que je pouvais renoncer à la Sibérie et changer du tout au tout mon voyage sans déception en l’espace de quelques heures était tout simplement grisant.

 

Je me donc rendu à l’agence qui a fait mon invitation pour être enregistré. Ce qui règlerait mon problème de ne pas avoir d’étampe. Mais comme je n’habite pas à l’hôtel mais chez Elena, elle doit remplir une feuille et la faire étamper par le service de police de son quartier. MAIS, depuis le 1er juillet, les anciens passeports de l’URSS ne sont plus valides ici. Chaque citoyen devait s’assurer de les changer. Ce qu’Elena n’a pas fait. Donc elle ne peut mettre son No de passeport sur ma feuille. Mais elle verra avec le service de police le mardi suivant.

 

Finalement, cela ne fonctionnera pas, cela prend plus d’une semaine pour avoir l’étampe alors qu’on demande de s’enregistrer dans les 3 jours. Logique. Je retourne donc à l’agence qui m’offre la deuxième option : payer 1500 roubles et "un hôtel" va m’enregistrer en 48 heures et ce jusqu’au 5 août. Bof... 1500, divisé par 14 nuits gratuites à Moscou, cela ne revient pas cher de la nuit! Voici donc l’absurdité de tout le système. Tout le monde sait que les invitations sont fausses, que les enregistrements sont faux, mais on garde le principe. Ça fait vivre beaucoup de monde, c’est un gros business!

 

Tout ceci prend du temps aussi parce que les distances et les temps de délacement sont grands!

 

J’ai aussi cherché des films diapos pendant une journée de temps, fait faire mon visa mongol, récupéré une boîte, un colis qui m’a gentiment été expédié du Quebec à Moscou avec divers trucs utiles pour la suite de mon voyage. Comme le tout a été envoyé à l’adresse de Irina, on a eu peur qu’elle ne puisse la récupérer parce qu’elle doit présenter son passeport pour la récupérer.

 

Touristiquement parlant...

J’ai pris ça quand meme relax, quittant l’appart souvent vers 15h, revenant vers 23h ou minuit.

 

J’ai évidemment vu la Place Rouge à mon premier jour. Malheureusement, préoccuppé un peu par ma situation au pays, je n’ai pas eu cette révélation, ce sentiment d’y être enfin, d’être enivré par l’accomplissement d’un vieux rêve. Ce sentiment, je l’aurai enfin quelques jours plus tard quand je vais y revenir de soir pour prendre qulques photos. À ce moment, j’apprécie la ville, et vraiment... c’est merveilleux d’être là. Les murs à notre droite et la cathédrale St-Basile dans toute sa splendeur face à nous. Elle est vraiment splendide, une vraie beauté. Puisque l’entrée de la place Rouge est légèrement en pente, la cathédrale apparaît face à nous comme dans un mirage. J’ai pris une grande respiration... et j’étais heureux!

 

J’ai aussi marché de la place Rouge jusqu’à l’université de Moscou, un bâtiment gargantuesque à trois heures de marche de la place Rouge, sur un plateau qui offre une belle vue du centre-ville. L’université est l’un des sept bâtiments appelés les "7 soeurs" de Moscou. Sept buildings d’architecture similaire, dit Stalinien. Imposants. Et personnellement, je les trouve beaux! Sévères, mais beaux.

 

J’ai pu longer la Moscova, cette rivière accessible, visiter un monastère, un très beau et énorme parc (parc-réserve Kolomenskoe) près de la Moscova où l’on trouve quelques bâtiments historiques et où j’ai pu, étendu dans l’herbe, entendre une musique plutôt particulière faite de marteaux cognant des plaques de métals, rappelant le son des cloches. 1/3 new age, 1/3 médieval, 1/3 fascinant. Et vous? Quel est votre mix? :)

 

J’ai marché souvent autour du Kremlin, sur Arabat, rue piétonne résolument touristique, ainsi qu’autour du théâtre Balshoi. J’ai visité le Souvenir Market rempli d’étals de matrioshkas, de chapeaux de poils et autres souvenirs prisés, entremêlés avec de vieux écussons de Lenine ou de l’armée, des peintures, des tapis, des antiquités. Comme tous les marchés, l’originalité est au rendez-vous. Les étals se succèdent, se ressemblent et diffèrent en même temps.

 

J’ai vu le Sculpture Park, un endroit où reposent en paix des statues qui ne sont plus désirées ailleurs comme cette statue de Staline à la base et au nez brisé, visiblement renversée tel un Saddam Hussein aux nouvelles de 18h!

 

Et ai-je dit que j’ai marché?? :)

 

Le Pushkin Square (où se trouve le premier McDo ayant fait les manchettes il y a près de 20 ans), le parc Gorki, l’avenue Tverskaya, les environs de l’appart...

 

Le dernier jour avant de quitter pour St-Petersbourg, je me suis rendu sur la Place Rouge de nouveau. Un mitraillement a eu lieu... un mitraillement de photos on s’entend! Le soleil étant au rendez-vous, St-Basile et ses tours multicolores ont posés pour moi! Bien gentils, ils ne bougeaient pas trop. :)

 

Je suis parti en train pour St-Petersbourg, rejoignant Elvira dans le train.

 

Ceci est Moscou... Prudent au début, l’appréciant à la fin. Disparate. Intrigante. Souvent sans logique. Sale. En pleine effervescence. Vivante!

 

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Deux articles qui pourraient être intéressants.

Le premier parle de Moscou qui, comme je le disais plus haut, est considérée troisième ville la plus chère au monde. Un article en parle et compare avec New York. Il explique le pourquoi de ce classement. Portez aussi attention à la mention à propos de l’eau chaude. C’est effectivement vrai. Durant l’été, chaque quartier de Moscou est coupé d’eau chaude pendant trois semaines. La raison? L’eau chaude est centralisée à Moscou. C’est à dire que les gens n’ont pas de chauffe-eau chez eux. L’eau chaude est chauffée dans une station près de votre building et distribuée comme l’eau froide. Et illimitée comme l’eau froide aussi! Donc, pour réparer les systèmes, on arrête la distribution d’eau chaude 3 semaines dans un quartier donné pour réparer et vérifier toutes les stations du quartier. Cela revient, pour faire une comparaison, à bloquer toutes les rues d’un quartier pendant trois semaines, pour réparer les trous d’une rue différente à chaque jour plutôt que de bloquer chaque rue le jour de la réparation seulement. Logique non?

http://english.mn.ru/english/issue.php?2004-26-25

 

Le deuxième est à propos des passeports russes. En effet, chaque citoyen a un passeport ou TOUT y est inscrit. Une étampe pour votre mariage, une pour un divorce, une par enfant avec sa date de naissance, votre adresse actuelle et depuis quand vous y habitez, etc. Ce qui fait aussi que, tout comme les touristes étrangers, les Russes doivent s’enregistrer lorsqu’ils résident pour plus de 72 heures dans une ville autre que celle indiquée dans leur passeport. On parle de contrôle??

http://english.mn.ru/english/issue.php?2004-26-26

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Je vous laisse avec ces nouvelles médicales. :)

*J’ai perdu 15 livres depuis mon départ. (6,5kg) Pas par privation. Par marche j’imagine! Que ceux qui riaient de mon début de pneu se ravisent. :)

*Ceux qui m’aimaient pour la beauté de mes pieds seront déçus. Ils sont affreux! Torturés par le voyage. Je vous épargnerai les détails mais vous les donnerai dans le privé si vous y tenez. :)

*Par contre, vous pouvez vous rabattre sur mes mollets. Ceux-ci sont maintenant fait d’acier. Mon prochain test est d’enfoncer des clous à coups de mollets. Je pourrais appliquer à « Relevez le Défi » mais la populaire émission de Gaston Lepage n’est plus en onde!

 

Je vous embrasse tous!

 

Michel

 

(J’ai laissé l’appelation jour 81 en haut de ce courriel bien qu’envoyé plus tard. Raison : il était presque terminé mais pour des raisons compliquées, je n’ai pu l’envoyer avant. Et les impressions qui y sont datent du jour 81 et avant... Voila!)

 

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Faut voir à la hauteur des tournesols!

 

Visitez www.michelmenard.com