Jour 118 - Ulaan Baatar (La Russie)

Une grande étape de mon voyage de terminée! Le coeur de ce dernier!

 

Je vous ai laissé à Irkutsk lors de mon dernier message. Il y a déjà deux semaines de cela et pourtant, j’ai réellement l’impression que c’était hier. Peut-être pour la simple raison que j’ai pu ralentir le rhytme, n’ayant visité que deux endroits durant ces deux semaines, ayant même réussi à arreter le temps durant 4 jours... Je m’explique.

 

Le lendemain matin de mon dernier courriel, Jour 104, j’ai quitté par bus pour me rendre à l’île d’Olkhon, dans le lac Baïkal! Rien à noter sur la randonnée de quatre heures sinon que nous avons dû, dans un virage particulièrement mauvais dû à des travaux, sortir du bus pour que celui-ci ne verse pas. :)

 

S’ensuit un traversier de trente minutes et un autre bus, le nez étampé dans mon sac à dos, "méditant" pour oublier que je suis écrapou de chaque côté. Trente minutes plus tard, c’est l’arrivée à Khujir. Ahhhh Khujir... Vous dire que j’ai apprécié mes quatre jours à cet endroit est un euphémisme. J’ai habité à un endroit nommé "Nikita Homestays". Le S à la fin de Homestays, je ne sais pas s’il est là officiellement mais je l’ajoute. Il s’agit en fait d’un ensemble de petites maisons et de chambres, jumelé à sympathique endroit pour prendre les repas à l’extérieur, de deux banyas (saunas) et d’un endroit pour faire des feux. Un espèce de "resort" ou de complexe touristique à la différence que:

Il n’y a pas d’eau courante

Il n’y a pas de téléphone

Il n’y a pas d’électricité

Il y a de jolies toilettes :)

La paix!

 

Nikita a des arrangements avec d’autres homestays qui peuplent le village de Khujir. Ce qui fait que, même quand il est plein, il nous envoie dans des maisons près, ce qui m’est arrivé. J’ai partagé une charmante maisonnette avec deux Anglaises et trois Français. De plus, le prix inclut les trois repas. Il n’y a donc que trois questions à se poser chaque jour: à quelle heure je veux mon dîner, à quelle heure je veux mon souper et enfin, à quelle heure je veux mon déjeuner demain.

 

Disons que mon impression de Nikita et des environs ressemble à un mélange d’un village vacances genre Club Med, un décor de reality show et le village de La Grande Séduction.

 

Cela peut sembler un peu cheesy... un peu facile. J’en vois même rire en se disant, tiens, l’autre qui parle des tout-inclus, il se retrouve dedans aussi...

 

Je n’en ai AUCUN remord hihi!

En fait, Nikita et Khujir sont un oasis au milieu de la Russie. Un endroit pour reposer ses neurones de la planification des trains, de l’arrangement des papiers, de la recherche du seul hôtel pas cher, des complications. Bref, en arrivant à Olkhon, j’étais dans un réel état de fatigue mentale. Pas de morale, mais bien de fatigue mentale. Épuisé de penser constamment à organiser le voyage plutot qu’à le vivre.

 

***On dit qu’il faut penser à traverser le pont une fois rendu à la rivière. En Russie, ce n’est pas possible à faire... il faut appeler et s’informer de l’état du pont, savoir si la rivière n’a pas été détournée, ou si le pont n’est pas devenu un tunnel plus en amont. Voir aussi que les règles pour traverser le pont sont les mêmes et espérer que le responsable du pont a les mêmes que vous! Quelle belle analogie. Héhé!***

 

J’ai également rencontré sur l’île, Justin, un gars rencontré à St-Petersbourg. Une de mes journée est allée comme suis: lever, déjeuner, lecture sur la plage (celle de sable avec du soleil le matin mais moins jolie), dîner, lecture sur la plage (celle de galet en bas d’une falaise, plus tranquille et jolie), faire des bonds avec des galets sur le lac qu’on appelle souvent la mer, me baigner dans l’eau du lac à 55-60° F ou 12-15°C environ, un banya avec les Français, Justin et une bière, souper et enfin, feu de camp sur la falaise! Pensez pas qu’on trouve que la vie est belle après ça?

 

J’ai fait (un peu) de randonnée, d’autres baignades courtes car c’est froid, d’autres banyas, lu, mangé, relaxé, veillé auprès d’autres feux, écouté des Russes chanter des chansons à la guitare, fais un feu dans le foyer de ma maisonnette. Voilà à peu près le topo.

 

J’ai quitté Khujir et l’île le mardi Jour 108 pour Irkutsk. Repris un train le soir même et quitté pour deux jours de train vers Khabarovsk, à l’est du pays, au nord de Vladivostok et à 15 km de la Chine. Je rigole un peu en pensant que Khabarovsk est devenu pour moi un "side trip", une excursion avant la Mongolie.

 

En effet, pour faire suite à mon dernier courriel, j’ai décidé de ne pas courir inutilement et fait une croix définitive sur Vladivostok. Khabarovsk était donc ma dernière étape en Russie, une étape qui a nécessité plus de quatre jours et demi de train et 6215 km (total aller-retour). Que ça. Comme faire un détour à partir de Montréal pour aller trois jours en Saskatchewan!

 

Et je ne regrette pas. Khabarovsk est peut-être la ville la plus jolie et plaisante dans son ensemble que j’ai vu depuis que j’ai quitté Moscou. Étrangement, très européenne alors que la Chine est à 15 km de nous. Beaucoup de petits cafés sympathiques, un superbe square central, le fleuve Amour au bout de la grande avenue. Et définitivement un effort de la part de la ville et des marchands pour en faire une ville agréable. L’influence asiatique se fait sentir. Beaucoup de touristes coréens, des restaurants chinois, et une plus grande variété de produits dans les épiceries qu’ailleurs en Russie. À part peut-être Moscou et encore!

 

Pourquoi là et pas Vladi? Parce que je connaissais quelqu’un connu aussi via internet. Et je préfère rencontrer des gens de la place, voir la ville avec eux, qu’avec mon guide. Les rencontres avant les musées. :)

 

Et ce fut un bon choix. Katya a été réellement accueillante. Elle m’a rencontré à la gare avec son amie, malgré un retard de train de trois heures (peut-être parce que j’étais dedans!) et a cherché un hôtel avec moi. Ce qui ne fut pas facile. J’ai abouti chez elle pour chercher par téléphone et casser la croûte.

 

Finalement, sa mère a appelé pour dire qu’elle avait trouvé un endroit! L’hôtel est à trois minutes à pied de chez elle! Yé!

 

On s’est tout de suite bien entendus. En fait, Katya est très amusante, minuscule, doit passer pour 15 ans à certains endroits et est très expressive. Son amie, Larissa est très théâtrale, souvent fatiguée mais sympathique quand même. Galia est une autre amie avec qui je passerai aussi deux soirées, puisque les parents de Katya sont extrêmement sévères et protecteurs. Ce qui fait qu’à partir de 19h30, quand il commence à faire plus sombre, le téléphone de Katya sonne aux quinze minutes pour savoir quand elle rentre!

 

En fait, le deuxième soir, Galia m’a invité (ses deux amies ne voulaient pas y aller) à aller voir un show. Mon premier show de pop! Jasmine, chanteuse pop russe avec un hit que je connais d’elle! La deuxième partie, le célèbre boys band roumain, O-Zone. Les deux chantant en lipsynch bien sûr! Mais parlant très bien russe par contre! Allez-y, vous pouvez rire. J’ai trouvé ça très rigolo aussi mais en même temps, eh bien, cela a fait une soirée très divertissante. Malgré le fait qu’elle travaillait le lendemain, nous avons complété la soiree dans un café!

 

Galia est d’ailleurs plus spontanée que la majorité des Russes. :) Le lendemain soir, alors qu’il s’est mis à pleuvoir pendant qu’on marchait le long du fleuve, elle a décidé de se rendre dans un des bateaux-disco qui venait d’accoster. 100 roubles pour une balade de 1h30 sur la rivière avec tous les hits pop jouant de nouveau. Hihi! Bon guess, la pluie avait cessé au retour. Et ballade agréable.

 

Durant les journées, je me suis promené beaucoup dans la ville avec Katya, au marché, dans les cafés, au Baskin Robbins, parcs et bassins que l’on y trouve. J’ai aussi visité le musée de la ville avec deux tigres de Sibérie empaillés (et c’est volumineux cette bête... le plus grand félin en fait) entre autres choses, et de très intéressantes informations sur tous les groupes ethniques ayant habités la région du Far East. Que ceux qui doutent de l’origine des Améridinens aillent y faire un tour. Dans beaucoup de cas, j’aurais pu prendre certains exhibits, les mettre dans un musée au Quebec et les faire passer pour des trucs amérindiens. Même les visages sont étonnament très ressemblants.

 

Le dernier jour, les trois sont venues avec moi à la gare alors que, mouchoirs à la main, elles me saluaient en marchant le long du train qui commençait à rouler. Et moi de ma fenêtre qui versaient quelques larmes fictives pour le spectacle... On aura donné un bon show aux gens présents. :)

 

Je remercie d’ailleurs ces trois filles qui m’auront totalement et complètement fait avaler la pilule du Vladivostok manqué.

 

J’ai repris le train. Un très calme et reposant celui-là. Exactement ce que j’avais besoin pour compléter mon voyage en Russie. Le wagon Platskard qui peut contenir 54 personnes n’en avait que 16 !!!

 

Je suis arrivé à Ulan Ude pour douze heures. Douze heures qui m’auront quand même permis de voir l’attraction de la ville : la tête géante de Lenine. Rigolote. La tête semble flotter. Elle donne aussi l’impression d’être sur une Île de Pâques pour communistes! C’était le 1er septembre, jour de rentrée pour les étudiants. Cependant, le 1er est une fête. Les étudiants finissent tôt et envahissent les rues et les squares avec leurs amis retrouvés. Je dois ajouter que Ulan Ude est la capitale de la République Buryate, une des nombreses ethnies en Russie. Les Buryates, de descendance mongole sont également extrêmement accueillants et aiment aller au devant des étrangers pour leur parler. J’ai donc passé la soirée avec une bande d’amis, sur une rue piétonne, à parler et boire quelques bières. Je me suis couché à 3h00. Mon train pour la Mongolie quittait à 6h55! Par chance, je dormais dans une des chambres à la gare. J’ai pu dormir jusqu’à 6h00. :)

 

En dépit de toutes les histoires à faire peur que l’on raconte sur les gardes frontières russes à la sortie du pays, j’ai trouvé l’ambiance à la frontière plutôt décontractée en fait. Malgré mon absence d’étampe d’entrée, malgré mon manque flagrant d’étampes d’hôtels, pas de questions, même pas un soulèvement de sourcil. J’ai eu mon passeport avec cette fois une étampe. Ce qui fait que je suis sorti du pays mais jamais entré. :)

 

Je suis arrivé à Ulaan Baatar (UB) ce matin. Réservant mes commentaires pour le prochain courriel, je dois dire que la première impression est excellente. Je crois que je vais aimer l’endroit!

 

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Maintenant... un peu de négatif :)

On m’a dit comme commentaire que mon Jour 103 transpirait de positivisme ou quelque chose du genre. Alors faisons le contrepoids maintenant! La Russie n’est pas le paradis terrestre et un petit discours négatif fera du bien!

 

Tout d’abord, je veux bien accepter les différences de cultures que l’on doit retrouver entre les pays. La Russie est quand même pas non plus la République Centrafricaine ni le Mozambique. Ils sont quand même assis à la table du G8 non?

 

Les Russes ont un pays superbe. Cependant, je défie quelqu’un de marcher n’importe où dans ce pays sans tomber sur une canette de bière vide, un paquet de cigarette vide ou autres détritus. À Olkhon par exemple, marché dans le bois permet de localiser des ronds de gazon brûlé (un ex-feu) mais toujours accompagné d’un beau petit tas de bouteilles vides et de cochonneries diverses. Et peu importe les coins, les sentiers que j’ai pris tout au long de mon périple, le petit boisé derrière une ville ou la bordure de rivière, c’est jonché de détritus partout.

 

Ensuite, la merde administrative... Par exemple, le besoin des enregistrements, ce besoin aussi de contrôler la vie de ses citoyens, jusqu’à contrôler leurs deplacements. Pourquoi? L’immigration illégale? Y’en a plein quand même, ces immigrants payant un petit "pourboire" quand ils sont pris. Pour les terroristes? On a pu voir cette dernière semaine que ça ne prévient rien du tout. En fait, il y a une bande de dirigeants quelque part qui s’accroche à leur vieux pouvoir d’il y a 15 ans.

 

Les aberrations pleuvent ici... Des trucs que l’on ne change pas avec l’excuse classique : C’est comme ça! Et ce ne sont pas les Russes totalement désintéressés de prendre en main leur pays qui y changera quelque chose. Le Russe moyen est dépourvu d’opinion sur la direction du pays, se disant que des gens s’en occupent. Et ceux qui ont une opinion finiront en disant généralement qu’est-ce qu’ils peuvent changer de toute façon.

 

Comme me disait Sandra dans un courriel, un mot que j’ai d’ailleurs répandu allègrement: En Russie, ne jamais demander "pouquoi". Il y a rarement une raison valable et habituellement le visage des gens à qui l’on demande fige d’ignorance. :)

 

On me dira que la Russie est pauvre, qu’elle doit remonter la pente avant, qu’après ils pourront changer. Entendons-nous, la Russie n’est PAS pauvre. Sauf qu’elle est corrompue à l’os et que l’argent ne sort pas de Moscou ou presque. Que les extrêmement riches, ceux qui ont profité des contacts au sein du parti lors des privatisations se retrouvent à posséder toute la richesse du pays. Ce sont les mêmes aussi qui détiennent le pouvoir du pays. Les maires des villes ont des dossiers criminels, sont des membres notoires de la mafia, etc.

 

Pas étonnant que la plupart des jeunes cherchent à émigrer. Que peu immigre car il faudrait être fou pour aller vivre en permanence dans ce pays et être considéré toute sa vie comme un étranger à moins de renoncer à sa citoyenneté actuelle.

 

Pas étonnant non plus que la population de la Russie décroit. 600 000 à 700 000 personnes par année! Pas étonnant non plus que beaucoup de femmes cherchent  un mari à l’étranger. Premièrement pour foutre le camp, deuxièmement parce qu’il manque effectivement d’hommes. L’espérance de vie des hommes est de 13 ans inférieure à celle de la femme. 59 pour un homme, 72 pour la femme! Et une parti des autres sont des alcoolos!

 

Voila... Entendons-nous... J’ai aimé mon expérience en Russie...

 

Certains moments, je me dis que je veux y revenir. Voir d’autres parties, revoir ceux que j’ai rencontrés, aller sur la ligne du BAM. Sauter le milieu et aller à l’est, à partir du Baïkal, là où les gens sont accueillants, les villes beaucoup plus relaxes. D’autres moments, je me dis que beaucoup d’autres pays méritent mon attention plus que la Russie. Le sentiment est ambivalent. J’ai aimé, mais je ne sais pas exactement si j’ai aimé! J’ai aimé les gens que j’ai vus. J’ai aimé quelques coins. Les villes en elles-mêmes, je ne sais pas! Exception de Moscou, St-Pete et Khabarovsk. J’y pense et je vous dis au retour. :)

 

Mais comme je dis, les gens mis dans la balance, les rencontres sur le train, l’accomplissement de ce vieux désir de traverser de l’Europe à l’Asie, tout ça, je l’apprécie et en suis très content!

 

Je pourrais continuer longtemps... j’en parlerai plus à mon retour. :)

 

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CONDUIRE À L’ENVERS

On voit à partir d’Irkutsk, des voitures avec le volant du mauvais côté. À Khabarovsk, ce sont toutes les voitures neuves qui sont comme ça. En effet, on importe les voitures usagées du Japon qui eux, conduisent à gauche. Donc tout le monde a un volant du mauvais côté! Funny!

 

BAÏKAL ET LA NEIGE

C’est vrai qu’il fait froid l’hiver au Baïkal. Le lac gèle bien sûr mais comme le lac est clair et qu’il ne neige à peu près pas, marcher sur ce lac l’hiver doit être hallucinant car la glace est claire aussi. De plus, l’île reste verte... séchée et gelée mais verte car la neige y est très rare. Les aventuriers et amoureux du froid vont découvrir quelque chose de magnifique s’ils se rendent là durant cette période.

 

MUSIQUE POP

Tout comme en Roumanie, voici le temps d’affiler votre Kazaa et de connaître ce que j’ai écouté pendant sept semaines avec les plus grands succès pop russes. :)

 

**O-Zone / Je n’ai pas le titre mais ils ont deux succès! C’est déjà plus que bien des boys band! :)

**Jasmine / Pas très bonne sur scène mais tourne en masse!

**Smash / Obsession (pas russe, mais ça jouait tout le temps)

**Glioucosa ou Glucosa / oi oi oi

**Glucosa en duo avec un Verka quelque chose / une chanson assez amusante! Glucosa à ses débuts était comme Gorillaz... un cartoon. Mais à ses premiers shows, elle s’est montrée en vrai! Très populaire avec les enfants, voix on ne peut plus particulière!

**Valeria / Otpoucti menia

**Kormi / Vika

J’ai entendu une version russe de Give it away des Red Hot en russe... amusant!

 

Et pour finir l’ostie de Pump it up que vous avez sûrement aussi. Toune de trois minutes, 68 fois Pump it up... J’ai compté!

 

Amusez-vous bien!

 

 

Michel en Mongolie!

xx

 

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Faut voir à la hauteur des tournesols!

 

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