Jour 138 - Ulaan Baatar

Près de trois semaines depuis mon dernier courriel...

 

Raison simple, je viens de passer 14 jours dans les grandes étendues mongoles. Hors de toute civilisation ou presque.

 

Je suis arrivé en Mongolie le 3 septembre dernier. De mes premières heures en ce pays, j’ai tout de suite apprécié l’atmosphère tranquille et relaxante. Idem à Ulaan Baatar (UB) où après une journée, je savais déjà que j’aimais l’endroit.

 

UB est une ville accueuillante, ses habitants en étant les grands responsables. Étant une "minorité visible" évidente, je ne me suis jamais senti extraterrestre comme en Bulgarie par exemple. C’est une ville de 800 000 habitants dont le centre se marche très bien et qu’en fait, le centre semble être la ville en entier! Elle offre donc l’abondance de services, de bouffe, de bars, de gens comme une capitale et métropole de pays. Tout en restant de la dimension d’une petite ville. Malgré la poussière et le manque de fini, la ville est pour moi charmante. L’atmosphère est relax et bon enfant.

 

Je suis resté quatre jours à UB, attendant de trouver des partenaires de minivan pour le désert de Gobi. Un minivan pouvant compter jusqu’à six passagers, ce qui réduit les coûts de location et d’essence. Ce qui fut fait le dimanche soir et lundi matin. Voici mes compagnons de voyage:

 

Yves: Suisse Roman rencontré en Russie. Avons les mêmes intentions soit de faire un plus long périple que recommandé de façon à prendre plus notre temps sur la route. Voulons aussi camper.

Richard: 3e à se joindre. J’ai commencé à lui demander ce qu’il voulait faire et tout ce qu’il me répondait correspondait exactement à ce qu’Yves et moi avions envisagé! Il est de Nouvelle-Zélande et est le type de personne et de voyageur avec qui je m’entends habituellement bien.

Luis: Allemand, et pas l’air bête. :) Grand d’apparence mou et lent mais très sympathique. :) Il n’a que 7 jours mais Gobi l’intéresse. Il nous accompagnera donc pour les 5 premiers jours et reprendra l’avion pour revenir sur UB.

Park: Coréen qui parle peu anglais. Mais un vrai monsieur gadget. Je soupçonne qu’il n’ait que deux t-shirts et que le reste de son sac à dos soit bourré de cossins qui furent à un moment ou un autre utiles. Chef cuisinier officiel pour le riz (toujours parfait) et l’homme à la solution pratique. Si c’était les années 80, je dirais qu’il est un débrouillard 50. Une nouvelle expression est née dans le voyage: une "Park Idea"

Markus: Suisse Allemand, il a rencontré Yves à Baïkal. Arrivé le lundi, il accepte de se joindre à nous pour partir le lendemain matin. Il joue de l’accordéon qu’il trimbale avec lui. J’ai pu l’accompagner à maintes reprises aux cuillères, et cela a permis de faire des contacts particuliers avec les gens rencontrés. De plus, cela accompagnait agréablement la préparation des soupers.

Michel: Moi-Même, cook officiel du groupe après le deuxième jour. Sans me vanter, ce que nous avons mangé était délicieux et j’ai pu me faire plaisir durant ces deux semaines à cuisiner, ce que je n’avais pas fait depuis longtemps.

Aamaa: Notre chauffeur. En fait, il est à peu près impossible de penser vouloir conduire soi-même en Mongolie. Les routes qui consistent en deux traces de roues dans l’herbe/roche/rivière/sable/neige ne sont pas indiquées et il faut à ceux-ci un bon sens de l’orientation. Aamaa a 23 ans, un look de rock star, très sympathique et débrouillard. Comme tous les chauffeurs, il connaît toute la mecanique de son minivan et les nombreuses réparations en route font partie du quotidien. Parle une trentaine de mots clés en anglais.

Bayala: Ami d’Aamaa. Le jour du départ, Aamaa nous a demandé si son ami pouvait venir avec nous. On a accepté. Ce qui a permis diverses aventures et bons moments que nous n’aurions pas eus sans l’ami. Bon choix! :) Bayala est ranger dans un parc national, mais il était en congé.

 

Un minivan russe, en passant, est du type indestructible, a l’apparence d’un grille-pain géant et n’a pas son pareil pour affronter les routes mongoles. Ces dernières, en effet, ressemblent, sur les routes principales, au chemin de travers passé la ferme des Marleau du rang 3 de St-Isidore-de-l’Agonie. Imaginez les chemins de travers et les routes moins fréquentées. Mais ça met de l’action. Et rouler sur la route asphaltée le dernier jour entre Kharkhorin et UB a même paru ennuyeux. :)

 

Mon périple en Mongolie n’était pas comme dans les autres pays. Je ne prenais pas de bus ou de train pour me déplacer d’un endroit à un autre. De plus, tout comme pour le transsibérien, le déplacement n’est pas un moyen mais un but en soi. Les arrêts pour manger, réparer la voiture ou pour la toilette permettent des pauses pour admirer le paysage. On ne se lasse jamais de regarder par la fenêtre et ce, même si l’on fait par exemple neuf heures de routes (incluants les arrêts).

 

L’ordre n’a donc aucune importance. Toutes les images, les paysages fascinants, les aventures se mêlent dans ma tête. Voici donc, dans l’ordre ou dans le désordre, mes 14 jours vers Gobi et retour.

 

* La première chose que l’on ressent, c’est cette impression de vaste. Le paysage est une succession de plaines et de vallées planes entourées de montagnes ou de collines. Il est donc rare de voir une ligne d’horizon droite devant soi. Par contre, l’absence quasi générale d’arbres dans cette moitié sud du pays fait que l’on voit toujours très loin. Jusqu’à la prochaine série de montagnes ou d’élévations. L’absence de repères connus comme un arbre, un sapin, une maison, fait qu’on se retrouve complètement perdu face aux distances et hauteurs. Une montagne vu de loin devient une minuscule colline lorsqu’on la grimpe, la gentille butte devient trois fois plus haute, le point fixe à quinze minutes de marche s’avère être à une heure et la colline trop loin pour qu’on s’y rende à pied est en fait parfaitement accessible. Si le ciel n’est pas ennuagé complètement, il se retrouve alors souvent bleu d’un horizon à l’autre. C’est souvent tout ou rien. Plus souvent rien. Les lumières d’avant 10h00 ou celles d’après 17h00 sont sublimes alors que même l’horizon du côté opposé au soleil sera bleu profond et non l’habituel blanc laiteux de condensation. Les montagnes vertes ou noires se détachent alors avec un fort contraste du ciel.

 

*Des nuits aux ciels parfaits. Lever la tête ne serait-ce que cinq minutes permettait presqu’à coup sûr de voir une étoile filante. Notre première soirée particulièrement, sans feu ni lumières, à l’abri d’une colline rocheuse, température parfaite, bière à la main en discutant et regardant "en haut".

 

*Une vallée très étroite, un canyon en fait. Promenade alors qu’une rivière (les rivières mongoles dépassent rarement les trois mètres de large pour une demi-roue de profond!) circulait près de nous. J’avais l’impression d’être dans un décor de Zelda :) avec la verdure, le ruisseau, les falaises de chaque côté de moi et les chevaux qui broutaient. Pause et dîner au soleil...

 

*Experience d’un silence parfait... déconcertant! Alors que je marchais près du campement, je me suis arrêté sur un monticule, l’impression d’être devenu soudainement sourd. Pas un oiseau, pas un bruissement de verdure, pas de vent. Rien. Et pas non plus la même impression que lorsqu’on se bouche les oreilles ou met des bouchons. Une autre perte de repère!

 

*Nos installations de campement. Les trois tentes rapprochées pour se protéger mutuellement du vent, créant un mini-village. Le coin cuisine à l’arrière du van ou sur une grande pierre plate. La toilette mobile, c’est-à-dire où bon nous semble dans la nature. Pour les visites plus "importantes", une pelle, un coin retiré selon notre goût du moment, un trou, et voilà. L’air y est toujours frais et la vue imprenable vaut amplement un Reader’s Digest!

 

*Un arrêt-réparation (classique) au milieu d’un vrai décor de désert : sol craqué par l’assèchement d’un lac, petits arbres rabougris et tordus, le soleil est très fort, le ciel est bleu d’un bout à l’autre. Je m’éloigne de la voiture en marchant alors que la radio du minivan se met à diffuser la chanson "Voyage Voyage". Face à moi, des kilomètres d’espaces vierges. Comment ne pas se sentir libre?! (Je vous accorde que la chanson est un peu quétaine, mais dans ce contexte, on la perçoit très différemment!)

 

*Promenade à chameau. (Les vrais à deux bosses, je n’ai pas fait d’erreur de français!) Environ une heure et demie. Impressions? Cheesy. Mais aussi plus confo que le dromadaire. On peut aussi s’appuyer un peu sur la deuxième bosse "dossier". :) Plus doux également. Pelage poil plutot que le pelage tapis de paille du dromadaire. M’a permis de voir des fossiles de dinosaures. J’ai aussi appris comment différencier un fossile d’une pierre ou d’un bout d’os. On le touche de la langue, si ça colle, c’est un fossile.

 

*Tiens, ballade à cheval aussi. Environ six heures à longer une rivière, à traverser un troupeau de yaks, franchir des cours d’eau et ce, malgré mon cheval peureux et paresseux. Je l’ai amoureusement baptisé "farty" à cause du turbo naturel qu’il utilisait immanquablement à chaque fois que je le poussais au trot. J’ai encore une préférence pour les sièges rembourrés trois jours plus tard et j’ai rudement bien assassiné mes genoux ce jour- là. Maintenant ça va mieux.

 

*Après la ballade à cheval, une baignade au pied d’une chute. Par baignade, on entend 30 à 60 secondes dans l’eau. La rivière étant à 10 ou 12 degrés maximum... brrrrrrr.

 

*Quatrième nuit, alors que nous passions une deuxième nuit au même endroit, un autre groupe nous a rejoint. Suivant environ le même itinéraire et modifiant celui-ci légèrement, nous nous sommes donc suivis durant six jours. Dans ce van on retrouvait:

Julie et Nadine, deux Québécoises. Une de Montréal, une de Gatineau (ou Hull, j’ai oublié les résultats des référendums de défusion).

Monica: Italienne d’une région qui parle allemand. Ce dont j’ignorais l’existence. Elle se matchera avec Markus. 

Carmen: Allemande, amie de voyage de Monica.

Massaj: Japonais qui parle peu.

Suguru: Autre Japonais qui non seulement parle peu, mais je l’ai décrit dans mon journal de bord comme "une potiche japonaise qui ignore encore ce qu’il fait en Mongolie"

Carmen avait déjà rencontré Yves et Markus à Baïkal. Et moi j’avais déjà vu les Québécoises à UB.

Nous sortirons donc ce soir-là dans un "billard" de Dalanzadgad, petite ville du sud du pays. Le billard est un endroit sans décoration, sans concept et avec un cd jouant encore et encore. Mais à douze plus nos chauffeurs, on peut s’amuser n’importe où!

 

*La lutte mongole consiste à faire toucher n’importe quelle autre partie du corps que la paume des mains et la plante des pieds à notre adversaire. Le premier qui touche le sol avec une autre partie du corps que celles-ci perd. Le deuxième soir, notre chauffeur et son ami se sont adonnés à quelques matchs pour tuer le temps. Nous nous sommes donc mis à la lutte mongole également et chaque jour apportait ses combats, à un moment ou un autre. Pourris au début (j’ai perdu mon premier combat face à Aamaa en moins de 5 secondes), nous avons appris peu à peu. Je n’ai pas réussi à battre Aamaa, ni personne du groupe n’a réussi d’ailleurs, mais je pouvais quand même tenir quelques épuisantes minutes face à lui!

 

*Nous devions nous rendre dans une vallée. À Shargaljuut. À cet endroit, il y a des sources thermales. Tout d’abord pour le décor mais aussi, un bain thermal après cinq jours sans douche, cela fait toujours du bien! La route pour se rendre fut un peu longue et notre départ le matin retardé. Nous sommes donc entré dans la vallée vers 19h00, nécessitant encore deux heures de routes (60 km) pour Shargaljuut. Ce hameau se situant à environ 3000 m d’altitude, nous avons eu la surprise dans la vallée, de voir la neige se mettre à tomber. À notre arrivée à Shargaljuut, le sol était blanc. Il continuait à neiger. Nos chauffeurs nous ont déniché une espèce de chalet avec deux salles et quatorze lits. Ce qu’il y a de plus "basic" mais bienvenu. Nous nous sommes donc retrouvés à veiller à la chandelle dans l’une de ces pièces. On se sentait presque dans le temps des Fêtes! C’était d’ailleurs la fête d’Yves et lui avons confectionné un gâteau avec les moyens du bord. Gâteau roulé coupé en tranches et disposé dans un poêlon, couvert de Nutella et de petits bonbons en étoiles! :) Ajoutez l’accordéon à Markus, un peu de vodka et de bière, les gens assis sur les lits et vous aurez le topo de ce qui fut sans doute notre plus belle soirée.

 

*Le lendemain, plutôt que de revenir sur nos pas et contourner la montagne sur plus de 450 km (plus de 14 heures de route), nos chauffeurs ont voulu franchir les montagnes. 120 km pour environ 10 heures de route. Les informations glanées en chemin auprès des habitants semblaient indiquer que la route était passable. Cette journée, où rien n’est allé comme cela devait, fut aussi la plus mémorable. D’abord le matin, les bains thermaux étaient fermés en raison d’un congé quelquonque! (Ce qui a repoussé la douche à UB, après dix jours sans douche!) Ensuite, après trois heures de route, nous avons dû rebrousser chemin, incapable de franchir la première des cinq montagnes à cause de la neige! Par contre, les paysages de montagnes blanches et vertes étaient à couper le souffle. Nous avons aussi dû marcher derrière le van pour passer une route plus difficile. Nous avons également poussé une ou l’autre des minivans à plusieurs reprises pour la sortir de la neige, pelleté des traces pour les roues sur une dizaine de mètres, etc. Les stupides touristes que nous sommes avons adoré cette journée héhéhé!

 

*Rencontre de cultures: près d’une guèr (les ger, ou guèr pour prononcer correctement en français, sont les abris traditionnels mongols. Ronds, très bien isolés), Markus a sorti son accordéon et moi mes cuillères. Une famille se retrouvant autour à l’écouter et rire pendant que Park a sorti ses balles de jonglerie. On dirait que le cirque avait débarqué en "ville". Tiens en passant, vu tout le matériel dans une guèr, il est étonnant d’apprendre que les familles nomades se déplacent environ une dizaine de fois par année.

Photos de guèr:

http://studyrussian.com/MGU/Mongolia-countryside/ger-construction.jpg

http://studyrussian.com/MGU/Mongolia-countryside/ger5.jpg

http://digilander.libero.it/fchiole/images/fotomongolia/Mongolia%20-%20ger.jpg

 

*Comment aller voir un rien? :) Près d’un lac salé, nous avons voulu marcher pour aller voir le lac. Nous avons marché... et marché au milieu d’une surface plane qui avait toute l’apparence d’un lac asséché. Nous n’avons jamais vu d’eau finalement :)

 

*Chaque soir, les couchers de soleil éaient magnifiques. Les couleurs, les reflets sur les montagnes, j’en commanderais tous les jours des comme ça!

 

*Contrairement à ce que vous vous imaginez peut-être, il y a très peu de sable dans le désert de Gobi. C’est une contrée désertique, avec un peu d’herbes basses et un sol généralement rocheux ou en terre séchée! Il y a des exceptions comme les dunes Khongors. Incroyables. On ne devrait pas les appeler dunes mais bien montagnes de sable. En effet, les Khongors font une centaine de kilomètres de long (un kilomètre de large) mais surtout, c’est qu’il n’y a aucune dune et que, soudainement, cette montagne s’élève, une seule grande et longue montagne. Quelques dizaines de mètres de haut et 45 minutes de montée! La vue au sommet est imprenable. L’un des endroits naturels le plus beau que j’ai vu de ma vie. Une surface élargie et solide près du sommet a permis quelques combats de lutte mongole dans un décor on ne peut plus magnifique! Héhé

 

*Vous avez déjà pensé à vous faire un bon souper de marmotte? J’ai effectivement mangé de la marmotte à deux reprises en deux jours. Premièrement dans une guèr où nous nous sommes arrêtés parce que les chauffeurs voulaient manger. (Ils n’aimaient pas particulièrement notre bouffe épicée :)) De la bonne marmotte leur fut servi, et ils nous ont invités à goûter. C’est très "huileux" mais pas mauvais. Pas excellent non plus mais c’est ok. Par contre, le bout de foie de marmotte trempé dans son bouillon de cuisson est un délice.

*****coeurs sensibles, sautez la prochaine partie*****

Reprenant la route, environ deux heures plus tard, notre chauffeur bifurque directement dans le champ. J’aperçois une marmotte à l’avant du minivan. Je croyais qu’il blaguait. Mais non. Son ami est descendu en courant du minivan en marche et a pris la marmotte en souricière. Sur ses deux pattes, la marmotte a défié Bayala. Celui-ci, armé d’une pierre a répliqué en lançant la pierre. Manqué. La deuxième atteint la marmotte à la tête. Il est revenu en courant vers le van pour prendre un long tuyau et assommer la marmotte. Enfin, il lui a brisé le cou. Voilè la chasse à la marmotte terminée.

*****coeurs sensibles, reprenez la lecture ici*****

Étonnant de voir combien ils connaissent leur environnement. Aamaa a entaillé l’intérieur des quatres pattes, observé les pattes, pour déclarer que la marmotte était "good". (Un des 30 mots clés anglais héhé.) Nous avons donc pris la marmotte avec nous et le lendemain, après l’avoir préparée, Bayala l’a fait bouillir avec sel et oignons, nous permettant de manger un deuxième repas de marmotte.

 

*Parlant bouffe. Sur les routes, dans les guèrs, la nourriture est souvent la même. En courte visite, on nous offre immanquablement le thé mongol. Lait de brebis bouilli avec un peu de thé, beaucoup de sel et de l’huile ou du beurre. Malgré ce qu’on peut lire sur ce thé, je le trouve personnellement bon. Et ne le buvais pas que pour être poli, me resservant même généralement un deuxième et un troisième bol.

Vient ensuite le fromage mongol. Plus près de la brique que du fromage, ces petits carrés de fromage sont séchés au soleil et très sec. Pas mauvais, mais il ne faut pas abuser... un carré c’est assez. :) Comme toujours, le bon goût de mouton (!) s’y retrouve!

L’airag, le lait de jument fermenté est excellent. Rappelant le kéfir, mais en meilleur. En effet, je ne raffole pas du kéfir nature, mais le petit goût "jument" dedans le rend délicieux.

Pour se boucher un trou à peu de frais, quoi de mieux que quelques buuz ou, prononcez en français bouze en étirant le « ou ». Pas ragoûtant avec un nom comme ça en français mais il s’agit de dumplings de mouton, que j’apprécie arrosés de sauce soya.

La soupe au mouton, qui nous fut servie comme repas dans les guèrs-restaurants parfois est excellente. Goûteuse, elle remplit sa fonction de combler le vide dans le bedon!

 

*Je pourrais ajouter aussi tous les paysages différents rencontrés. L’aspect photogénique du pays, ma caméra a adoré! L’impression que l’on a d’être seul au monde, coupé de tout, d’avoir la terre à nous. La sensation grisante de marcher dans ces vastes étendues vierges, entrecoupées parfois d’un troupeau de moutons, de quelques chameaux ou yaks selon qu’on est au sud ou au nord, et de chevaux. De trois ou quatres guèrs éparpillées dans le décor. La Mongolie apporte tout ça. Comme dirait l’autre, je la recommande à tous mes amis. :)

 

Vendredi le 24, je quitterai ce pays des gens amicaux et accueillants, des chevaux et de Genkhis Khan pour la Chine. J’arriverai à Beijing le 25 en fin de journée. De là, je suis encore incertain de ce qui arrivera.

 

Prenez soin de vous et pensez à votre prochain voyage qui aura peut-être lieu en Mongolie. :)

 

Michel

xx

 

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Un extra sur l’art mongol. (Et un peu d’histoire mêlée)

 

*Pour avoir vu des reproductions de peintures rupestres datant du début de l’âge de bronze, soit 5000 ou 6000 avant Jésus-Christ, je dois dire que :

1) La place importante des chevaux en Mongolie ne date pas d’hier.

2) Que leurs chariots étaient rudement bien développés et surtout, bien détaillés pour ce type de peinture!

 

Sinon je vous emmène directement à Zanazabar, un leader très important de l’histoire mongole. Celui-ci après avoir passé plusieurs années au Tibet est revenu au pays. Il est le créateur du Soyombo (1686), le symbole qui se trouve toujours sur le drapeau mongol. Il a aussi créé l’alphabet mongol qui contenait, à l’origine, 88 caractères et s’écrivait de haut en bas. Staline a changé tout ça en imposant l’alphabet cyrilique et réduisant le nombre de caractère à 35. Zanazabar était aussi un artiste accompli réalisant plusieurs bronzes et peintures. (Bouddhiques bien sûr!)

 

Pour les peintures de divinités, j’ai pu aussi apprendre qu’on ne dessine pas une divinité comme bon nous semble. On suit des proportions très précises. L’une d’elle par exemple, suit des "lignes de guidage" : 14 horizontales, 6 verticales et environs 25 diagonales font correspondre les lignes et jonctions de lignes à des articulations et des membres de la divinité!

 

Tout l’art mongol tourne autour du bouddhisme et des divinités jusqu’à l’arrivée de Marzan Sharav. Né en 1869, il a d’abord été l’élève d’un autre peintre et fait également des peintures de divinités, avant de créer de lui-même des autoportraits et des portraits. Ces portraits ont des visages très réalistes alors que le reste, les vêtements et le décor, sont plus colorés. Pour les maniaques, je vous invite à voir (si vous trouvez sur internet) particulièrement "Portrait of the 8th Bogd". Il a aussi initié un style de peinture près de la peinture naïve qu’on pratique encore beaucoup ici. De grandes toiles très chargées représentant des scènes de vie quotidiennes avec de petits personnages et beaucoup de détails. Ces peintures ne sont pas dénuées d’un certain humour, alors qu’on peut y voir des gens malades d’alcool, des animaux (et parfois des personnes) s’accoupler, un homme se faire voler un bout de viande par un chien, etc. Sa plus célèbre est "One day in Mongolia". "Winter Palace of the Bogd Khan" est assez particulière aussi!

Après 1921 et la révolution, il a dû se tourner vers des illustrations pour des bouquins d’écoles ou des posters de propagande!

 

Enfin, le style plutôt uniforme de ces types de peintures repris par tous a fini par éclater en différents styles aujourd’hui. J’ai pu voir plusieurs peintures d’artistes contemporains. Cependant, l’influence du pays y est toujours présente alors que toutes les peintures rappellent les grands espaces du pays, des chevaux ou des chameaux!

 

Pour voir de l’art mongol contemporain, voyez le site www.artscouncil.mn

Ou encore directement http://www.uma.mn/paint.html pour les peintres contemporains.

Aussi: http://www.ulaanbaatar.net/nationalartgallery/exhib/w00.html

 

Ou s’ils se trouvent sur internet, voici quelques noms qui se démarquent parmi ceux qui étaient exposés.

J.Munkhtsetseg: portraits souvent caracterisés par une ligne au milieu, inspiré des anciennes pierres sculptées du pays.

Ts. Tesgmed: Très coloré, mêle abstrait avec formes réelles. (Moving Accross, Camel Road, Camel Ride, Morning, Happyness)

Ts. Narangere: Usant beaucoup du vert, on sent les grands espaces et le vide du pays. (Nice summer, Steppe Foal)

 

Enfin, J. Ulsbold et D.Batmunkh sont intéressants aussi!

Amusez-vous bien

 

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Les Rencontres!

 

J’ai rencontré deux personnes à UB. La première est Dégui, une Mongole qui a terminé ses études en français en juin dernier. Elle parle bien français et est contente de pouvoir le pratiquer. Elle est donc sortie avec nous trois fois! De plus, elle m’a dit qu’elle avait travaillé cet été avec des Québécoises, alors je fut plutôt surpris d’entendre de la bouche d’une Mongole des trucs comme: "Kessé qui s’passe icitte", "Tu veux-tu..." ou encore "ah ben tsé"! Son oncle étant moine à l’époque, il a fui le pays dans les années trente, sentant venir les purges de Staline et Choibalsan, son homologue mongol. Il a donc émigré au Canada et habite Montréal. Son fils, donc le cousin de Dégui, serait le chef bouddhique de Montréal! Bizz!

 

L’autre est Munguu. Munguu est l’amie de la soeur de Dorjleva, rencontrée à St-Petersbourg et qui nous a mis en contact. Munguu est Mongole, mais a habité à Khabarovsk il y a 10 ans, a étudié et vécu à St-Petersbourgs 3 ans et finalement, est de retour à UB où elle habite avec son mari et sa fille de 10 ans. Elle a aussi deux garçons de 11 et 13 ans. Sauf que, les deux garçons sont en fait à sa soeur qui s’est séparée de son mari et s’est remariée. L’entente beau-père / enfants semblait très mauvaise alors c’est maintenant Munguu qui les garde! Elle travaille en finance et je me suis fait payer le souper hier! Yé! :)

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Faut voir à la hauteur des tournesols!

 

Visitez www.michelmenard.com