Jour 145 - Beijing

Ni Hao!

 

Bon ça ne dit pas l’intonation qu’il faut mais c’est à peu près ça. Quoique tous les Chinois vont dire aux touristes Hello plutot que Ni hao! Comment savent-ils que je suis un touriste et pas du pays?? Hum!! Ils sont perspicaces!

 

Eh bien oui, je suis arrivé en Chine. Depuis la nuit du 139e jour ou si vous préférez connaître ma "vraie" arrivée, le 25 septembre en après-midi à la gare de Beijing.

 

J’ai donc passé cinq jours en Chine et j’adore. Après le vide de la Mongolie, ses silences, ses grands espaces et sa nourriture disons hum, sobre, voici Beijing. Sa population concentrée, les odeurs bonnes et mauvaises qui fusent de partout, sa nourriture géniale et variée, les vélos, leur sonnette, le traffic, leur klaxon, les hutongs, les Chinois qui parlent en syllabes, les raclages de gorge accompagnés de leur crachat, les soupes, les foies sur le BBQ, les nouilles qu’on ingurgite en faisant du bruit, les escargots épicés à manger au cure-dent, les photos de Mao, l’argent de Mao, les souvenirs de Mao, Mao et... ah oui: Mao.

 

Y’a un peu de tout cela... Et plus encore.

 

M’ennuyant de mon vélo et me trouvant en Chine, je n’ai pu résister à l’envie, mon premier jour complet, de louer un vélo. Un vrai bon vieux vélo qui fait beding bedang à chaque bosse, avec un panier en avant et l’essentielle clochette pour avertir ceux qui ne nous entendent pas! Dring dring... me voila parti dans les hutongs. Les hutongs, qu’on pourrait traduire tout simplement par ruelles, sont de vieux quartiers de Beijing formés de plusieurs petites rues et ruelles plus ou moins grandes, plus ou moins longues mais toujours animées. Ici des vendeurs de bouffe, là quelqu’un amenant des centaines de bouteilles vides sur un chariot, une auto qui klaxonne pour qu’on la laisse passer dans une rue déjà trop étroite pour tout ce monde, des vieux jouant aux dames chinoises, plus loin un réparateur de vélo suivi de trois ou quatre salons de coiffure/massage et encore des petits restos. Comme il n’y a pas de toilettes pour tous, on trouve partout dans les hutongs des toilettes publiques. Petits abris où l’on trouve, à l’intérieur, 4 ou 5 trous rectangulaires alignés sur le sol et, si on est chanceux, des panneaux pour les séparer. Mais jamais de porte! Ce qui fait qu’en marchant dans les hutongs, les odeurs vont de l’excellente nouritture de Beijing à la toilette sèche concentrée. Avec une pleine gamme au milieu. Dont une que je n’arrive pas identifier ni à dire si c’est bon ou mauvais!! Question existentielle quand tu nous tiens! Les épices nous emplissent le nez à tout moment, l’appétit nous gagne constamment. On voit dans les hutongs, le matin, le soir ou la fin de semaine, des Chinois se rendant à leur restaurant favori en pyjama ou tout simplement, un couple marchant main dans la main, toujours en pyjama, avant d’aller au lit. Je dois essayer ça à Montréal, aller déjeuner un dimanche en pyjama! Le gouvernement essaie aussi d’éduquer la population des hutongs, en général plus pauvre. Sur les murs, on voit beaucoup de différentes images (accompagnées de textes que je ne peux lire) comme quelqu’un jetant des déchets par la fenêtre, crachant par terre et indiquant que ce n’est pas bien. Ou encore d’autres qui indiquent quoi faire comme laver ses légumes. Le tout dans un type d’images qui rapellent les vieux jeux de serpents et échelles avec le bon et le mauvais garçon.

 

Je me suis perdu dans les rues un peu (volontairement) puis j’ai à moitié inconsciemment (!) pris la route de la Place Tienamen, incapable de l’éviter plus longtemps. J’ai connu les joies de me faire aborder par des étudiants en calligraphie pour visiter le musée tout près et aussi je ne sais combien de fois pour acheter de l’eau, des cartes postales ou un cerf-volant. Par contre, alors que j’étais debout à regarder un peu partout en même temps, j’ai commencé à parler avec Yiang Yan! Prof pour les enfants qui parlent très peu anglais mais avec qui, assis par terre sur la place Tienamen, j’ai essayé du mieux qu’on pouvait de converser. Je suis allé avec elle passer la porte Tienamen, dans la cour avant la Cité Interdite. Nous nous sommes revus le lendemain pour voir un peu les alentours jusqu’à 13h00 alors qu’elle quittait pour le boulot. J’ai quand même pu apprendre quelques mots de chinois comme Wo xihuan Beijing: J’aime Beijing! (prononcez Wo Shihuan). Et le mot « non » ressemble à « bull shit » (Bushi)... Facile!

 

J’ai continué d’explorer les alentours. Suis monté en haut de la Porte Tienamen avec vue sur la Place du même nom. Je me disais, devant cette image géante de Mao, que si on avait voulu créer un symbole à détruire et retirer en cas de révolution, c’était le symbole parfait. Cependant, je dois dire que je ne crois pas que ça se passera comme ça. L’ouverture au marché, la possibilité maintenant pour beaucoup de Chinois de gagner plus, comme dans un pays capitaliste, de faire des affaires, a créé une classe aisée et une classe moyenne suffisamment importante en nombre et qui auraient tout à perdre en cas de révolution et de bouleversements que ça ne se passera pas comme ça si quelque chose doit se passer. De même pour les jeunes. Sauf qu’à regarder la place de plus en plus grande de l’économie, le signe du yuan va peut-être être celui qui parlera plus fort. Que dans plusieurs années, le système sera tellement avancé dans le capitalisme que quelque chose devra changer. C’est l’impression que j’ai.

 

Bon, suite à ça, j’ai vu un superbe jardin du côté nord de la Cité Interdite. Je me promets bien d’en visiter d’autres des jardins. Celui-ci est tout juste au nord de la Cité Interdite et on y trouve entre autres, une colline artificielle, créée avec la terre des douves autour de la Cité. De plus, principe Feng Shui, la butte protège la Cité Interdite des mauvaises énergies qui, comme on le sait, viennent du nord! :) Par contre, la colline offre une vue imprenable sur la Cité et le reste de la ville. Cette dernière, semble saturée de tout côté de tours et de gratte-ciel. Alors que le centre, lui, s’élève en général moins haut.

 

Ce soir-là, avec Markus (voir Jour 138 - Ulaan Baatar), j’ai rencontré Réah. Une Chinoise habitant Beijing et qui est rédactrice d’un magazine à potin d’hommes d’affaires distribué uniquement aux bons clients d’une compagnie de téléphones cellulaires! Weird! Le rendez-vous a bien failli tomber à l’eau puisqu’elle nous avait donné rendez-vous devant le Stade des Travailleurs de Beijing. Un coin de rue avant, il y a l’Aréna des Travailleurs de Beijing (original!) où Markus et moi avons attendu pendant trente minutes avant que Réah n’arrive, se doutant de l’erreur. En passant, c’est à l’ARÉNA que se dérouleront les matchs de boxe des Olympiques de 2008! Je dis ça comme ça! :) Parlant des jeux, les casquettes sont déjà à vendre si ça en intéresse! :)

 

Elle nous a emmené dans son resto favori: un resto Sishuanais. Rien à voir avec bien d’autres que nous avons. Mais c’était délicieusement épicé et piquant. Ai-je mentionné que j’aimais la bouffe ici? Elle a tout choisi et lui avons fait confiance. De toute façon, le menu était en chinois uniquement alors ça ou pointer au hasard... Hihi!

 

Nous avons ensuite été dans un bar branché où un ami à elle est gérant. Pas payé de cover! Soirée agréable qui nous aura permis de découvrir d’autres coins de la ville dont un lac avec plusieurs restos et bars tout autour, des terrasses et des fleurs géantes sur le lac. Chine, pays des jardins!

 

Le lendemain, c’était le lever tôt pour se rendre pas trop tard à la Cité Interdite. J’espérais fortement qu’il ne fallait pas être un eunuque comme à l’époque pour pouvoir y accéder sans être empereur. Et effectivement ce n’est plus le cas. Un simple billet de 60 yuan (10 dollars can) et vous voilà là où le Chinois moyen n’a pas eu accès pendant 500 ans! Honnêtement, l’histoire entourant le site est plus intéressante que le site lui-même. L’intérieur des bâtiments est rarement accessible, la plupart des trésors sont à Taiwan, emporté par les révolutionnaires d’avant-communistes, et plusieurs bâtiments pourraient être en meilleur état. Par contre, pour en apprendre plus sur la vie des empereurs chinois et de leurs extravagances alors que les finances de l’état étaient déjà dans le rouge, c’est intéressant.

 

Tiens en voila une anecdote... Chaque année, l’empereur organisait un souper et invitait tous les princes, seigneurs et autres généraux à un banquet. Pour économiser, on servait de la viande qui avait été cuite ou bouillie mais sans épice, peu de sel, et nature. Les personnes présentes mangeaient pour ne pas offenser l’empereur mais d’autres soudoyaient les eunuques pour qu’ils remportent le plat ou leur apporte du sel en cachette.

 

L’endroit est un vrai labyrinthe parfois. La Cité recèle par contre de plusieurs jolies cours, de jardins, d’arbres anciens magnifiques, d’une sculpture de jade imposante et de beaucoup de visiteurs! Mais c’est quand même marchable sans encombre un mardi de fin de septembre. Ai-je mentionné que l’on trouve un Starbuck DANS la Cité Interdite? Non? Alors voilà, c’est fait! Je lance d’ailleurs une loterie. Chacun met 1 $ dans le pot. Celui qui devine la date la plus près de l’ouverture d’un Starbuck au camp de base de l’Everest gagne le pot.

 

Cette même journée, le 28 septembre, était la pleine lune. Avait lieu alors la Fête de la mi-automne dont la date change chaque année en fonction du calendrier lunaire. C’est aussi la fête de la joie et la fête de la lune. On fait donc la fête en observant la lune et en mangeant des gâteaux de lune, un gâteau plutôt dense mais quand même moelleux (c’est comme des progressistes conservateurs, ça sonne drôle à l’oreille) avec à l’intérieur un truc aux prunes je crois. Pour l’observation de la lune c’était manqué. La lune était à peine visible derrière l’écran nuageux et/ou de pollution qui couvrait la ville. Le soleil était de même durant le jour: une boule ronde orangée au-travers d’un voile gris. Au niveau du sol par contre, ce "brouillard" crée un effet qui ajoute au charme chinois!

 

L’auberge organisait dans son bar une soirée pour la fête de la mi-automne. Il y avait un groupe de musique traditionnelle chinoise  qui a offert un spectacle d’une heure trente environ. Le tout s’est terminé par un karaoké auquel nous étions (notre table) les seuls à participer avec un autre monsieur. Par contre, les Chinois présents s’en sont donnés à coeur joie. Ce qui m’a permis d’apprendre quelques signes et leur prononciation (mais pas leur sens hihi).

 

Tiens, il y a deux auberges Hostelling International à Beijing. Une dans le centre des ambassades et des bars, l’autre près (1,5 km) de Tienamen au beau milieu d’un hutong. Un modèle d’auberge avec tous les services voulus, un personnel très serviable, une bonne ambiance et une cour intérieure traditionnelle (on est dans les hutongs) tout à fait charmante. Far East Hostel pour ceux que ça intéresse.

 

Hier, c’était le temps de passer aux choses sérieuses... si je puis dire! Minibus le matin à 7h00 pour Jinshanling, un des lieux pour aller sur... la Grande Muraille de Chine. Un highlight de ce voyage! Et je ne fus pas déçu. L’endroit est un peu plus reculé que les autres ce qui le préserve des masses de gens. Et surtout, nous ne sommes plus en août! Une petite portion à cet endroit est restaurée, mais pas le reste. Car ensuite, c’était la marche de 11 km sur le mur pour se rendre à un autre site plus populaire celui-là: Simatai. Cependant, comme les randonneurs du mur ont des rythmes différents, il y a loin d’avoir foule. 11 km et 32 tours plus loin, c’était l’arrivée! Plusieurs portions entre les deux endroits ne sont pas restaurées. Le mur tient le coup, mais les crénaux ou les tours ne sont pas toutes intactes. 500 années pèsent sur elles. Il y a aussi quelques vendeurs de bouteilles d’eau, livres ou cartes postales qui se promènent sur le mur pour vendre leur marchandise. Un métier qui demande d’être en forme, je vous le dis!

 

En effet, les inclinaisons du mur sont parfois de 30 degrés. Ça monte, ça redescend et ça remonte. Le temps était très humide. En fait, encore une fois ce petit brouillard qui, s’il n’est pas excellent pour les photos claires à perte de vue, est excellent pour créer une ambiance particulière, avec les tours les plus éloignées dont on ne voit que la silhouette. L’ensemble est impressionnant. La somme de travail, la grandeur de la construction (qui ne se voit PAS de la lune, qu’on se le dise une fois pour toute!), les paysages de montagnes tout autour et tout le mythe qui entoure la célèbre muraille font de cette randonnée un très beau moment.

 

Pour le t-shirt "j’ai escaladé la Muraille de Chine", hum... je vais repasser! :)

 

Même si la ville peut être étourdissante, il est facile de se détacher de l’exubérance des rues. Une cour intérieure d’un hutong, un jardin, ou même le velo est, pour moi, une façon de relaxer malgré l’attention que cela demande. Il est facile sur les grandes rues de se déplacer à velo puisque les voies réservées aux velos sont parfois une fois et demi plus large qu’une voie pour les voitures. Et ça pédale!

 

Je suis toujours à Beijing... il pleut! Demain est le 1er octobre, fête nationale chinoise. Je vais voir ce qu’il y a à faire. Cependant, la Chine est en vacance pour cette occasion durant une semaine complète ce qui rend le jeu d’acheter des billets de train un 2 octobre on ne peut plus amusant. Jeu que j’ai gagné puisque je quitterai Beijing le 2 octobre au soir en direction de Xian. Ayant même réussi à avoir une couchette, surprenant même les gens de l’auberge qui ont réussi à me trouver la place! Je viens aussi d’apprendre que plusieurs ressortissants nNord-coréens venaient d’entrer sur le territoire de l’ambassade canadienne à Beijing. Je suis curieux de voir l’activité de surveillance que cela a créé autour. J’irai peut-être faire un tour si j’ai le temps. :)

 

Tiens... quelques observations pour terminer:

**Je suis en Chine et en cinq jours, avec tous les gens vus dans les rues, je n’ai vu que quize personnes porter des souliers chinois! Hummmmm! ;-)

 

**Pays du thé, il est tout de même impossible de trouver mon thé favori, le lapsang Souchong qui, je croyais, sonnait chinois! Il y a cinq sortes de thé: noir, vert, jasmin, oolong et Pu-er. Dépendant du vieillissement, du mûrissement ou du raffinement, on trouve différentes variétes de ces cinq familles. Mais pas mon Lapsang! Les bonbons au thé vert sont délicieux!

 

**Lays s’adapte à son marché. Dans la catégorie "saveur de chips", voici une nouvelle à mon actif : le célèbre Canard de Beijing. Des chips au canard laqué!

 

**La bière se vend 2 yuan (65 sous canadiens) pour une bouteille de 630 ml. Un format dont je n’ai pas encore bien compris le pourquoi? Mais c’est moins bizarre que notre 341 ml!!! L’eau elle, est à 2,5 yuan pour 1 litre... Pas une grosse différence non?!

 

Je vous souhaite un bon 1er octobre même si cela ne veut rien dire pour vous. :)

 

Michel

 

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Faut voir à la hauteur des tournesols!

 

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