Jour 162 - Shanghai

Hello... Hello...

 

Mot célèbre en Chine que le "hello" servi aux touristes par n’importe qui. Un gars croisé en vélo, un enfant sur le trottoir ou une fille dans l’entrée d’un resto. Mais le plus rigolo, c’est le fait que les Chinois demandent aux touristes de prendre une photo avec eux. Généralement, c’est l’inverse mais ici en Chine, un Chinois à tout moment peut vous arrêter et vous demander s’il peut vous prendre en photo. Il posera alors à vos côtés comme si vous étiez son vieux pote ou encore son trophée, c’est au choix. Et son ami prendra la photo souhaitée avec leur propre appareil bien sûr. Ce n’est pas pour vous et votre appareil qu’ils le font. Quoique moi, j’ai pris l’habitude, à la blague au début, par habitude maintenant, de dire en échange : "me too picture". Et je le fais! Pas toujours mais parfois!

 

Tiens, un autre fait photo. Alors que la photo russe consiste à toujours mettre quelqu’un dans la photo parce que... ben, parce que pour montrer qu’on était là j’imagine et ce, même si on est minuscule dans la photo devant un grand building par exemple, l’important est qu’il y ait quelqu’un. Et en général, avec une pose « tentative de photo kitsh ». :) En Chine, le principe « quelqu’un dans la photo » est encore plus important. Et si deux personnes sont ensembles, chaque chose vue paraîtra deux fois dans les photos. En effet, immanquablement, les deux poseront à tour de rôle devant la cible en question. S’ils sont trois, on multipliera les combinaisons. A et B, B et C, C et A! Et la pause classique sera les bras tendus (position type Jésus sur la croix) ou encore mieux, l’ultra populaire signe de peace avec l’index et le majeur levés. Qui signifie pour eux un signe de peace et non un signe de victoire!

 

Avec tout ça je suis rendu à Shanghai!

 

J’ai quitté Chengdu un bon matin de Jour 158 pour Chongqing (Tchongtching) où je ne suis resté que quelques heures pour prendre le bateau.

 

Mes trois derniers jours à Chengdu ont été à l’image des premiers jours sur place. J’ai fait peu. J’ai passé des après-midi, assis à une table dans la ruelle de l’auberge, au sympathique petit salon de thé opéré par un non-moins sympathique vieil homme. Tellement bu de thé vert certains jours que j’étais sur un high à la fin de la journée...

 

Par contre, le matin du Jour 156, je suis allé voir le centre d’élevage et de conservation du panda. Pas quétaine, un vrai centre de recherche et d’élevage qui a permis la reproduction en captivité d’environ 200 pandas depuis leurs débuts. Pas tous n’ont survécu bien sûr puisqu’élever le panda en captivité est extrêmement difficile. Le Centre est bâti sur plusieurs hectares dont la majorité ne sont pas accessibles au public. C’est là que les pandas vivent. Dans une section, on peut par contre voir des pandas dans un environnement quand même bien, ressemblant plus au biodôme qu’à un zoo. On peut voir un gros pataud adulte, des adolescents et, aussi, une espèce que je ne connaissais pas, le panda rouge qui ressemble étrangement au raton laveur.

 

D’ailleurs le panda est plus près du raton laveur que de l’ours, si on regarde la généalogie du panda. Celui-ci existe depuis huit millions d’années. Il est toujours considéré carnivore comme il l’était à ses debuts bien qu’on ne sait pas pourquoi, à un moment de son évolution, il a commencé à se nourrir de bambous en majorité.

 

Il existerait environ 1000 pandas vivants dont près de 20% en captivité! Quand même! La période de gestation est également bizarre... entre 82 et 180 jours! Que ça! C’est comme si votre amie enceinte vous disait « oui j’attends mon deuxième entre le 15 janvier et le 25 avril ». Le petit d’ailleurs a l’air d’une souris à la naissance. Ne pesant que 100 grammes en moyenne!

 

Voir le panda manger, couché sur le dos, bien écrasé avec du bambou dans chaque main et mangeant allègrement m’a suggéré l’idée que le panda pourrait servir lors d’une campagne contre les patates de divan. Très ressemblant. D’ailleurs, ma théorie personnelle voyant ce lourdeau manger, et même les ados grimper aux bouts de bois de façon maladroite, veut qu’ils soient devenus "bambouvore" parce qu’ils étaient incapables d’attraper la moindre proie. Héhé! :)

 

Par contre, ils sont tout de même fascinants à regarder. Leurs « pouce » et leurs gestes lorsqu’ils mangent leur donnent des airs humains. On croirait voir une grosse mascotte sur son heure de dîner!

 

Voila pour les pandas.

 

Pour ceux qui se demandent, Poy a eu son emploi finalement. Je l’ai moins vu mais c’est une bonne nouvelle pour elle! Elle est maintenant prof d’anglais. :) Elle n’a que trois classes au début mais doit être à l’école six jours par semaine de 14h00 à 21h00! Moins une heure de dîner, cela fait une semaine de 36 heures de boulot. 36 heures durant lesquelles, la majorité du temps, elle n’aura rien à faire mais devra être là. Malgré cela, le salaire est relié au nombre de classes qu’elle a! Système chinois j’imagine. Elle débute donc avec un 500 yuan par mois, moins de 100$. Si elle a plus de classes par la suite, elle pourrait monter à 1500 yuan soit plus que la moyenne des salariés à Chengdu. Un appartement normal coûte 400 yuan par mois! À noter qu’un étranger enseignant l’anglais gagnera trois fois ce qu’un Chinois gagne pour le même boulot!

 

Sur Chengdu... Poy me disait que la loi interdit le klaxon dans toute la Chine. C’est la théorie. En réalité, le klaxon et la clochette de vélo se fait entendre fréquemment. Cependant, j’ai remarqué après quelques jours à Chengdu que les klaxons et les clochettes (qui elles, ne sont pas interdites) sont beaucoup moins présentes. Comme si l’atmosphère tranquille de la ville se reflètait sur tous. Même dans le traffic.

 

Toujours à propos de Chengdu, je vous recommande de vous dépêcher à y aller. Une grande partie de son charme disparaît chaque jour. Il s’agit des ruelles, des hutongs qui, tout comme à Beijing, sont détruites chaque jour pour être remplacées par de grands et modernes édifices. Malheureusement. La rue de l’auberge de Chengdu où j’ai passé tant de temps à boire du thé est menacée de disparaître aussi. Ce sera peut-être la même chose à Beijing, sauf qu’à Beijing, il en reste encore des immenses quartiers complets. Cela prendra plus de temps. À moins que le gouvernement ne mette les bouchées doubles pour les Olympiques en 2008. À Chengdu, il ne reste que quelques hutongs... pas même des quartiers. Une dizaine de rues disséminées dans la ville tout au plus. Dommage!

 

Retour donc à Chongqing. Je voyage toujours avec Elvira et nous avons pris le bateau pour deux jours sur le fleuve Yangtse. La croisière nous mène de Chongqing à Yichang en passant par les trois gorges. Ces merveilles naturelles le sont beaucoup moins depuis que le gouvernement chinois a commencé la construction d’un immense barrage en aval. Je croyais que le niveau de l’eau ne monterait que plus tard mais il a déjà monté de 140 mètres même si le barrage n’est pas complèté et fonctionnel. Ce que nous voyions alors étaient des gorges et des falaises amputées de 140 mètres, réduisant du même coup leur "spectaculaire". Il reste encore une trentaine de mètres à gagner pour que le Yangtse atteigne son futur niveau soit 175 mètres. Partout le long de ses berges, deux millions de personnes ont vu ou verront leur habitation submergée. Lors d’un arrêt pour un temple (apparamment rebâti un peu plus haut), nous pouvions voir de l’autre côté une ville entièrement neuve agée de... trois ans seulement. Et un peu partout, des buildings de béton dont il ne reste que la carcasse avec parfois, un peu plus haut, des nouveaux immeubles tout neufs. Avec une centaine de mètres en moins, les trois gorges ne sont plus ce qu’elles étaient. Cependant, il est toujours possible sur la route de faire une excursion vers les trois petites gorges. Moins larges, ces gorges sont toujours très jolies à voir. La montée du niveau a également inondé une ancienne vallée étroite qui est devenue les trois mini-gorges (nom original :)).

 

Si le projet a été très critiqué au niveau international, il reste que des barrages au Québec et d’autres projets similaires de par le monde n’ont pas moins modifié des écosystèmes que celui-ci! Et entre ça et des centrales nucléaires ou au charbon, on choisit quoi?? Il est par contre difficile de se renseigner sur ce sujet de la Chine. En effet, le discours officiel n’est que rose ici et même de demander aux Chinois aidera peu à obtenir un autre avis.

 

La vie sur le bateau s’apparentait à celle du train. Rythme lent, temps sur la couchette à regarder le paysage défiler par la fenêtre, etc. Les arrêts par contre se font au rhytme des voyages organisés. Arrêt pour voir un temple (30 minutes), un tel autre (2 heures), etc. Par chance, il n’y avait que trois stops. Comme nous faisions parti d’un groupe, nous avons reçu une jolie casquette ouverte (de type tennis) en plastique blanc. Charmant!

 

Malchanceux, deux jours avant notre arrivée sur le bateau, le gouvernement a décidé que les bateaux de passagers ne passeraient plus par les écluses qui longent le barrage. Je ne sais si on travaille encore dessus ce qui est possible. Toujours est-il qu’on descendait du bateau avant, sans voir le barrage en question et on se rendait à Yichang par bus. Nous avons donc décidé de joindre un autre tour en bus de deux ou trois heures qui se rendait au barrage.

 

Nous avons donc fait deux arrêts. L’un au pied du barrage, de nuit, impressionnant mais pas un très joli barrage dois-je dire. Le deuxième fut au haut du barrage, permettant de voir l’autre côté. De nuit aussi, nous n’avons pu apprécier la dénivellation. Un tour chinois ne s’arrêterait pas là... Avec l’impression d’être dans un twilight, nous nous sommes arrêtés à un aquarium pour y voir des esturgeons géants et, à l’extérieur de l’aquarium, assister à un spectacle de chevaux - reproduction de bataille! Avec enregistrement sonore cacophonique pour les cris de chevaux et les chocs d’armes. Comique et hallucinant en même temps!! :)

 

Nous sommes donc arrivés à Yichang à 1h00 du matin. De là, quelqu’un nous attendait pour nous indiquer notre bus pour Wuhan que nous avions déjà payé. Le bus partait immédiatement et, précipités dans le bus, dans le premier siège, nous sommes partis pour Wuhan. Comme on ne refuse jamais une opportunité d’accueillir un ou deux clients de plus, un homme a fait le trajet dans le siège d’en avant, dans l’escalier, habituellement utilisé par les guides. La dame qui travaille dans l’autobus (le chauffeur ne s’occupe jamais de tickets ici, il conduit point!), a donc fait le trajet assise sur un petit banc dans l’allée. Rien d’inhabituel quoi!

 

J’ai dormi autant qu’on le peut dans un bus avec un siège droit, pour arriver à Wuhan autour de six heures du matin. Un bus de ville nous a mené à la gare pour acheter notre billet pour Shanghai. Comme il y a trois gares à Wuhan, j’ai reconnu dans le bus une gentille dame qui était sur le bateau aussi. En demandant à d’autres Chinois, nous avons su que nous étions dans le bon bus. Ensuite, la dame est restée avec nous. À la gare, elle m’a aidé à acheter nos billets. Comme le départ était dans sept heures, elle nous aide à trouver la consigne puis nous emmène visiter un endroit dans la ville. Elle était speedy par moment, digne d’un tour guidé. Mais c’était quand même bien. J’ai vu un endroit, la pagode de la cigogne jaune, un endroit qui a inspiré de nombreux poètes chinois. Donc l’endroit est rempli de poèmes exposés et est, en même temps reposant. Autant que peut l’être un endroit visité par plusieurs groupes et touristes chinois. :)

 

Le droit d’entrée à 50 yuan est encore une fois absurde. En effet, il est possible de s’héberger pour 25 yuan, de prendre un train de 24 heures pour 250 à 330 yuan en couchette, de manger pour moins de 10 yuan, mais il en coûte 50 yuan pour visiter un endroit normal, 30 ou 40 pour un temple, 90 pour voir les guerriers de terre cuite, 70 pour escalader une montagne. Et ce ne sont pas des prix pour les étrangers, ce sont les prix que les Chinois paient aussi. Un écart "coût de la vie - coût des loisirs" qui laisse parfois perplexe!

 

Je suis donc tout juste arrivé à Shanghai. Depuis quelques heures. Après quatre heures de bus, une demi-journée d’attente, deux jours de bateau, trois heures de tour en bus, six heures de bus, sept heures d’attente et dix-sept heures de train. Ouf!

 

Il me reste très exactement une semaine en Chine. Mon visa se terminant le 23 octobre et je ne compte pas le prolonger. Mes sept derniers jours se passeront ainsi: Je vais rester trois jours à Shanghai. C’est peu mais c’est ce que j’ai. Je connais quelqu’un ici qui m’hébergera. Idem à Foshan, une banlieue de Guangzhou tout près de Hong Kong. J’habiterai donc chez quelqu’un durant deux jours à Foshan city. De là, le 23, je gagnerai Hong Kong. Entre Shanghai et Foshan, un train de 25 heures.

 

Je ne crois donc pas vous réécrire de la Chine et mon compte rendu de Shanghai et de Foshan, du reste de la Chine, vous proviendra sûrement de mon prochain pays dans une dizaine de jours.

 

D’ici là, je vous souhaite une belle semaine, et profitez des derniers beaux jours d’automne!

 

Michel

 

P.S. Si vous voulez vous mettre un petit peu dans l’ambiance en lisant mon courriel, je vous suggère de l’imprimer, de vous rendre dans le quartier chinois près d’un resto (pour les odeurs et les bruits de fond) et d’amener un ami avec vous qui se raclera la gorge et crachera pendant que vous lisez. Je dois dire que ce classique chinois a cependant évolué depuis les campagnes du gouvernement disant que « c’est pas bien » et encore plus depuis le SRAS. On continue à se racler la gorge mais parfois on ne crachera pas, ou on le fera dans une poubelle. N’empêche que je me demande parfois ce qu’ils peuvent tant avoir au fond de la gorge aux 10 minutes! :)

 

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Faut voir à la hauteur des tournesols!

 

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