Jour 38 - Ziguinchor (Gorée et Casamance)

Près de 2 semaines se sont écoulées depuis mon passage et mon message de Thiès. Deux semaines qui me paraissent tellement loin. Voici par où je suis passé:

J'ai quitté Thiès une heure après l'envoi du message. Je suis retourné vers Ngor, endroit de mes "débuts" au pays. Faire du lavage, me poser et surtout, attendre le retour de Marianne à la civilisation. Elle terminait son stage et me rejoignit donc à Ngor le 30 au matin... agréable réveil.

Cérémonie Baye Fall

Eh oui, copain ingrat que je suis, je ne m'étais pas réveillé d'avance pour l'attendre. Il faut dire que je m'étais couché à 5h00 du matin parce qu'à Ngor la nuit précédente, il y avait juste à côté de mon auberge, une cérémonie de Baye Fall. (voir mon message précédent pour savoir qui ils sont).

Chants-prières de femmes, chant-prière d'un homme, litanies répétitives et envoutantes sur Allah alors que les hommes marches en rond, au pas, en répétant, presque en transe. "Faire" le cercle est un accès garantie au paradis. J'ai un peu de difficulté avec ces "passes-droits" simples. Enfin, musique et prières avec danses... le tout de 23h00 à ... 9h00 du matin. non je ne suis pas resté jusqu'à la fin. J'y suis allé faire quelques tours de temps en temps. Entretemps à l'auberge, je me suis fait servir le plus étrange mélange qui m'ait été donné de boire.

Eau chaude, lait condensé non-sucré, sucre-parfum-vanille et bonbons à la menthe... jusque là, Marianne avait aussi bu ca dans son village. Moi, ils ont ajouté des pastilles pour la gorge à la menthe, un carré de vache qui rit, le tout fondu et chauffé ensemble. Étrange mais... tout de même bon!

Gorée

Donc retrouvailles avec Marianne, le lendemain, départ pour l'ile de Gorée. Ile tout près de Dakar. on y va beaucoup pour le role qu'elle aurait joué comme lieu d'embarquement dans la traite des esclaves. Mais cela serait plutot un lieu symbolique parce qu'historiquement, il y aurait des lieux plus important. Mais Gorée en est devenu un peu le symbole. L'autre raison est que ce lieu est tout simplement charmant et le premier endroit que je vois au Sénégal qui ne ressemble pas au reste. (voir la photo). Architecture coloniale bien préservées, rues fleuries, la mer, les contrastes... On essaiera d'y retourner à la fin du voyage...

Le lendemain après-midi, départ de Gorée pour s'embarquer sur une autre bateau... le Wilis qui effectue la liaison Dakar-Ziguinchor, capitale de la Casamance, région au sud de la Gambie, agité il y a quelques années par des troubles indépendantistes mais qui retrouve son calme (et ses touristes) depuis 3 ans. 15 heures plus tard, arrivée à Ziguinchor.

La Casamance

On m'avait dit que ce serait différent. Ce l'est. Tout d'abord la végétation est plus luxuriante, plus verte qu'au "nord". (voir la 2e photo au bas) Le nord en Casamance, c'est tout le reste du Sénégal en fait. Ce qui se trouve au nord de la Gambie. Il y a même un homme qui, spontanément, en répondant à une question, a dit quelque chose comme "En Casamance on en produit beaucoup [des noix d'acajou] mais au Sénégal non, on en produit peu..." La Casamance EST au Sénégal en passant héhé.

C'est différent aussi dans l'attitude des gens. Plus calme ici je trouve. Fiers aussi. Fiers de leur région, de leur tolérance alors que plusieurs groupes ethniques et religieux se cotoient (Diola, Toucouleur, Wolofs, Bambaras, etc pour les groupes et musulmans, catholiques et animistes pour les religions). Les gens sont effectivement amicaux dans leurs rapports avec nous en tout cas et dans les salutations. Sans arrière pensée en général!

Pour ce qui est des troubles qui sont survenus pendant plusieurs années dans la région, cela s'est calmé depuis 3 ans. La vie et le tourisme reprennent leur place. Et si on fait souvent références aux "événements" (qui ne sont pas ceux du 11 septembre!), c'est en général pour nous dire que c'est terminé et pour nous expliquer la situation présente. Il y aurait encore des zones ou des groupuscules opèrent mais près des frontières Guinéennes et encore, c'est plus calme depuis quelques temps.

Nous nous sommes dons rendus Marianne et moi à Oussouye, un village entre Ziguinchor et la côte. Nous y sommes restés deux jours et avons pu profiter d'une des journées pour louer des vélos et se balader dans les villages autour.

Dans l'un deux, Calobone, un homme, Joseph, celui qui a cité la phrase plus haut, opèrent une toute petite entreprise de traitement de noix d'acajou. Très intéresant le bonhomme. Cette entreprise villageoise emploie 15 personnes, en priorité des handicapés, des filles-mères qui sont souvent rejetées par la famille et on les aide ainsi à obtenir un revenu et une indépendance, et enfin, des jeunes. Les jeunes, dans le but d'en profiter pour amorcer la discussion sur la faisabilité de vivre ici en Casamance, d'y gagner sa vie, que Dakar n'est pas l'eldorado, etc. Vraiment intéressant et connecté le vieux Joseph. Commentaires enregistré qui sera sur le site à la fin de mon voyage.

Village suivant, Jean, un jeune homme qui travaille avec les touristes mais est de passage dans son village pour visiter la famille durant 2-3 jours. Rencontré au champs, près des rizières, il nous invitera chez lui pour le dîner et pour prendre le thé. Nous resterons finalement 4 heures avec lui. Intéressant aussi comme discussion.

La promenade dans ces petits sentiers de village, accessible uniquement à pied ou par vélo pour certains fut des plus dépaysantes et intéressantes. Les rencontres, les gens gentils, la verdure... et le calme. Charmant!

Enfin, nous sommes allés 3 jours à Carabane, sur une ile à l'embouchure du fleuve. 3 jours de repos, de baignade, de backgammon, de frisbee, de lecture sur le Mali. Des vacances qui auront marqué ma mi-voyage, étant maintenant plus près du retour à Montréal que de mon arrivée à Dakar il y a 38 jours.

Nous partirons demain pour Kolda, Tambacounda et enfin le Mali. 3, 4 ou 5 jours de transport, de voitures, trains, bus ou ce que nous pourrons trouver. Le but? Se rendre à Bamako, capitale du Mali ou des amis nous attendent. Ce sera chaud, mais ce sera beau!

A bientot

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Je voulais vous parler également d'un véritable fléau social qui sévit ici: les tentatives d'émigration en Espagne, aux Iles Canaries, par pirogue. Des boat people qui quittent la Casamance avec comme promesse et espoir d'une vie meilleure. Beaucoup d'appelés, très peu d'élus. En fait pratiquement aucuns car les survivants se retrouvent dans des camps aux Canaries ou retournés dans leur pays. Ils paient 400 000 a 500 000 CFA pour le trajet. Environ 1000 dollars canadiens! Une somme! Nous avons dit aujourd'hui a un homme qui s'embarquait demain que l'Espagne ne les acceptaient plus... il refusait de le croire, et s'essaiera tout de même. C'est plus facile d'y croire j'imagine.