Jour 67 - Le Mali 2e partie: Le Pays Dogon

Après la folie des guides de Sévaré... C'est enfin le départ pour le pays Dogon.

 

Le pays Dogon

Pressé un peu par le temps, nous avions trois jours à consacrer au pays Dogon et sans information, sans livre de voyage, il devenait un peu difficile de s'assurer de faire le voyage et revenir en trois jours. De là notre intérêt à y aller avec un guide. Celui-ci s'est avéré extrêmement intéressant, brillant, connaissant bien son métier et sa région. Autant l'histoire que les gens et la botanique, doublé d'une personnalité sympathique. Un bon "jack" quoi!

 

Le pays Dogon est en réalité une région du Mali où vivent les Dogons. Et ceux-ci sont de descendance Mandingue (une autre ethnie) qui ont fuit, il y a près de 1000 ans, l'islamisation. Ils se sont installés dans cette région pour préserver leur culture animiste et cohabitaient avec les Tellems, les habitants de cette région avant les Dogons. Au fil des siècles, les Tellem ont fini par disparaître ou quitter l'endroit à la suite de mésentente ou de guerre. Notons que la religion a quand même fini par rattraper les Dogons. De nos jours, beaucoup sont musulmans, d'autres sont chrétiens et d'autres encore sont demeurés purement animiste. Mais il est aussi vrai de dire que même les musulmans et les catholiques ont conservés des traditions et des croyances qui sont animistes.

 

À propos de l'animiste, je peux comprendre les gens d'adopter des religions qui prêchent par exemple d'aimer ou aider son prochain. Les religions animistes comme celle des Dogons sont disons, plutôt revancharde (pour être poli) envers, par exemple, quelqu'un qui nous aurait porté malheur. Cela est beaucoup plus compliqué aussi d'être animiste. Comme nous l'expliquait Daouda notre guide, on peut être un catholique ou un musulman "à moitié". C'est-à-dire de ne pas suivre tout à la lettre, ne pas respecter toutes les prières et les contraintes. Par contre, on ne peut être animiste à moitié. Parce que ne PAS faire ce qui est supposé entraîne automatiquement le malheur sur soi, le village ou la famille. Je simplifie un peu mais en un seul paragraphe, c'est à peu près ça.

 

En randonnée

Le pays est traversé par une longue falaise, créant ainsi trois zones: le plateau, la falaise et la plaine. Dès la première journée, nous nous sommes rendus directement par une route, au bas de la falaise. Déjà, lors de la descente, le spectacle était superbe. La route serpentait le long de la falaise avec devant nous, la plaine qui s'étendait tout en bas, à perte de vue. On aurait dit la mer.

 

Je l'ai répété souvent par la suite: le pays Dogon m'a offert les plus beaux paysages de tout ce voyage. Pour cette raison, même si ces trois jours se sont avérés très riches en informations, j'ai plutôt envie de vous raconter ce que j'y ai vu, notre randonnée.

 

Cette randonnée débuta d'ailleurs au bas de la falaise et le moyen de locomotion pour les 3 jours suivants furent les pieds. De petites distances, une dizaine de km par jour maximum que l'on faisait tôt le matin pour ne pas avoir à marcher entre midi et 16 heures, sous le très chaud soleil plombant.

 

Imaginez maintenant une haute falaise présente en permence sur votre gauche. Aucune voiture. Un sentier étroit entre deux champs de mil, une céréale qui lorsqu'elle pousse, peut ressembler, pour un oeil profane comme le mien, au maïs mais en plus court. Quelques gens aux champs. Quelques baobabs aussi. Sur le sentier, des Dogons ou des touristes croisés à l'occasion. Comme son, le vent, les oiseaux, le calme. Superbe que je vous dis... et si loin du brouhaha de Sévaré.

 

Notre première journée a fini par nous mener à Teli. Petit village situé maintenant au bas de la falaise. Jusqu'à il y a quelques années, des gens vivaient aussi à flanc de falaise. Sans ennemi à surveiller dorénavant, les gens ont fini par descendre un peu pour se rapprocher des puits et de leurs champs. Cependant, les greniers et quelques autres habitations sont toujours préservées, là où elles étaient, à flanc de falaise. Très impressionnant. Et la vue de l'ancien village, alors qu'on aperçoit entre deux greniers la plaine qui s'étend devant nous, est saisissante. Ce soir-là, dans le calme de Teli, sous un ciel on ne peut plus clair, nous dormirons sur le toit de notre case, sous le filet à moustiques, avec, comme dans les westerns, le ciel étoilé comme couverture. On s'endort très bien comme ça.

 

2e journée

Le lendemain, nous avons traversé le village artisanal de Endé, où tous semblent vivre de la vente ou la fabrication de souvenirs. À leur défense, beaucoup sont fait sur place comme les indigos  et les bogolan, deux tissus teints naturellement. Il s'y tient également un marché à tous les cinq jours. Cinq jours parce que la semaine Dogon compte effectivement cinq jours. C'est ainsi.

 

Yabatalou était notre destination de la deuxième journée. Partis à 8h00, arrivé là vers midi, déjà trempés et en sueur. Pause et sieste jusqu'à 15h30, un rhytme agréable. Yabatalou est plus petit que Teli mais possède aussi un village perché qui n'est plus habité. Ou presque plus. Quelques familles y habitent toujours. Le gars qui nous a fait voir le village perché ainsi qu'une belle petite cascade qui descend de la falaise, nous a aussi montré là où il habitait il y a 3 ans à peine. La maison est presque détruite, les greniers aussi. Lui et sa famille sont descendus parce que c'était tout simplement plus facile pour aller aux champs, aller en ville ou transporter des marchandises. Pour ceux qui vivent "en bas", il y a des puits pour l'eau. Pour ceux qui vivent en haut, on va chercher l'eau à la cascade. Nous avons d'ailleurs croisé deux femmes qui allaient et venaient avec l'eau sur la tête. Nous avions vu beaucoup de femmes tranporter des trucs sur la tête, de l'eau aussi... Mais comme ca, dans la montagne en plus à suivre un pseudo-sentier sur les roches. Wow! Impressionnant!

 

La montée

Le troisième jour était celui où l'on remontait sur le plateau. Par chance, le temps était nuageux donc plus frais. Toujours cette falaise sur notre gauche sauf que cette journée là, après plusieurs minutes de randonnée et plusieurs informations sur la végétation et l'agriculture locale par Daouda, on avançait "dedans" pour la monter. Très boisé, plus frais que les autres journées, de petits ruisseaux et des cascades en chemin: la montée du sentier est agréable. Et la vue que l'on a de la plaine à mesure qu'on s'élève est imprenable.

 

À un certain moment, nous avançons sur un petit plateau, entre deux falaises pas trop hautes, parmi le mil et les arbres. Devant nous, d'autres escarpements rocheux, derrière nous, toujours cette "mer" qui s'étend au loin.

 

Nous atteignons le village de Begnimato. Village perché au haut de la falaise, sur le plateau. Mais au bord d'une petite vallée enclavée dans la falaise. (voir la photo en bas) À cet endroit, nous avons eu droit à une fausse démonstration de chasseurs qui faisaient un spectacle pour un petit groupe de touriste. Il y a cependant réellement des chasseurs. Un petit nombre. Ils chassent entre autres le singe, mais se plaignent qu'il y en a de moins en moins... mais continuent de le chasser. Il n'y a pas de cota comme pour la morue... :) J'ai aussi pu goûter dans ce village à la bière de mil. Peu pétillante mais piquant un peu la langue, goût pas mauvais, faible en alcool, mais désaltérante.

 

Nous continuons pour atteindre notre objectif du jour et dernier endroit de dodo en pays dogon: Konsogou-Ley. Le village est Konsogou et Ley est le quartier. Le village est situé près de la falaise et au milieu de champ. Très joli, très... champêtre même. Très rarement dans les itinéraires des circuits, l'endroit est plutôt calme.

 

Ci-bas, vous avez une photo d'un autre quartier, Konsogou-Na. Niché au milieu de la falaise, ni sur le plateau, ni dans la plaine, ce quartier-village a la particularité d'être strictement animiste et les non-animistes ne peuvent y habiter. Konsogou-Ley, situé plus haut sur le plateau est donc habité par des gens de Konsogou-Na qui désiraient se convertir à l'islam ou au catholicisme. Ayant tout de même des liens de parenté, les gens se parlent et vivent en paix, mais à quelques minutes de marche l'un de l'autre tout simplement. Nous n'étions pas autorisé à aller dans Konsogou-Na mais juste l'observer du haut de la falaise était déjà particulier. Ce village à l'air sorti d'un décor de cinéma.

 

La suite...

Le lendemain matin, c'était malheureusement le départ de cette belle région. Le retour en voiture vers Sévaré et de là un minibus pour Mopti tout près. De Mopti, longue attente pour que le minicar se remplisse et qu'enfin on se rende à Djenné, dernier endroit que l'on comptait visiter au Mali.

 

Il en sera question dans le prochain (et le dernier) texte de ce voyage. De Djenné et du retour vers Montréal en passant par Bamako et Dakar...

 

Rendez-vous donc dans deux jours, vendredi jour 69, pour ce dernier texte.

 

À bientôt.

 

 

Le village de Teli

L'ancien village perché de Teli

La falaise Dogon (vue de Begnimato)

La "mer"

Le village animiste de Konsogou-Na

Marianne et Daouda devant Konsogou-Na