Jour 70 - Djenné et le retour au pays

Comme mentionné dans le texte précédent, après les jolis paysages et la tranquilité relative du Pays Dogon... C'était le retour dans les villes. À Djenné pour être plus précis. 175 km à peine du pays Dogon, mais une journée complète de voyagement. (Entre 10 et 12 heures de déplacements, tranferts et attente...)

 

Djenné

Bon Djenné n'est pas à proprement parler ce qu'on pourrait appeler une grande ville (15000 habitants), mais touristiquement, ça en est une. un des 4 endroits du Mali à figurer sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, l'endroit est habité depuis plus de 2200 ans.

(lien vers la page de l'UNESCO sur Djenné: http://whc.unesco.org/fr/list/116 )

 

L'une des particularité de Djenné est sa mosquée entièrement faite en banco, comme le reste de la ville d'ailleurs.

 

Le banco est un matériau de construction utilisé largement au Mali et consiste en des briques faites de terre et de paille. Le tout est ensuite crépissé du même matériau pour donner un aspect lisse et protéger les briques. En effet, le matériau s'use sous l'action de la pluie obligeant ainsi les habitants à refaire le crépissage de leur habitation chaque année.

 

La mosquée n'échappe pas à cette usure. Ainsi, une fois l'an, tous les habitants de Djenné participe à une grande journée de corvée où l'on refait le crépissage de la mosquée. Et elle n'est pas petite. 75 mètres de côtés, 20 mètres de hauteur, elle peut accueillir 1000 fidèles. Elle trône fièrement sur la place centrale de la ville. Difficile de la manquer.

 

Cette grande place centrale sert également de place du marché et c'est là l'autre particularité de Djenné. Tous les lundis, s'y tient un grand marché où des vendeurs et acheteurs de partout y viennent. Il y a bien quelques kiosques et étals qui s'adressent visiblement aux touristes mais la très grande majorité sont destinés au commerce interne du pays. On y trouve de tout, en gros et en détails. Chaussures, tissus, épices, poissons séchés, condiments de toutes sortes, bijoux, outils, cossins en tout genres...

 

Le phénomène est assez intense. Ville relativement tranquille, l'activité débute le dimanche soir avec l'arrivée de marchands qui y passeront la nuit pour être prêt le lendemain matin. On improvise des filets et des couchettes devant certaines boutiques, sinon on dort chez la famille et les amis. Le lundi matin tôt, le tout s'installe. La grande place hier presque vide s'est rempli d'étals, de vendeurs, de toiles pour se protéger du soleil ou de la pluie, de nourriture qui cuit un peu partout, de gens qui s'activent à vendre ou à acheter. Le soir, vers 19h, la place se vide peu à peu. Vers 21h00, on pourrait croire que rien ne s'est passé si ce n'était des détritus laissés sur place. Et encore. Le calme est revenu. Djenné est jolie ce soir-là. Agréable. Toute petite... Je rectifie, Djenné est jolie tous les soirs.

 

Le retour vers Dakar et vers Montréal

Après ces deux journées passées à Djenné. Il était temps pour nous d'amorcer notre grand retour vers Dakar. Nous sommes au matin du Jour 52, Marianne prend son vol de retour le matin du Jour 58. Et nous voulions retourner sur l'ile de Gorée deux jours. Je devais ensuite rester 12 autres jours seuls dans la région de Dakar et prendre mon vol au Jour... 70. Aujourd'hui quoi! Ce ne sera pas le cas. En fait, j'écris présentement ce texte, tout comme ceux du Jour 65 et du Jour 67 du confort de mon appartement montréalais. Vous verrez pourquoi.

 

Jour 52 donc. Petit bus qui quitte Djenné à 7h30 et nous amène à la jonction de la route pour Bamako. De là, un autre bon car nous prends pour nous amener à Bamako. 430 km plus loin, 8 heures plus tard, nous arrivons finalement à Bamako. Il est 15h30.

 

Le plan d'origine était de prendre le train Bamako-Dakar qui fait le trajet une fois par semaine, les mercredis matin en général. Pas cette fois-ci. Le train est retardé et ne quittera que jeudi ou vendredi. Comme le train prends plus de 2 jours à se rendre à Dakar, nous devons nous rabattre sur le car.

 

Ici intervient l'absurdité du système des rabatteurs de toutes acabit. ne voulant pas avoir une vieille carlingue comme car, dans le but de se rendre dans les délais à Dakar (2 jours en car aussi...), nous nous sommes promenés parmi les compagnies pour en choisir affichant Dakar et ayant des cars en bon état. Nous achetons le billet pour le lendemain matin (départ à 7h00) pour se rendre compte le lendemain qu'en fait, cette compagnie ne fait pas vraiment Dakar contrairement à ce qu'elle annonce et nous envoie dans le car d'une autre compagnie. Cette dernière roule évidemment et malheureusement avec des vieux bus déglingués.

 

Rendra? rendra pas?

Après quelques détours dans Bamako pour prendre d'autres passagers et mettre de l'essence, nous quittons enfin la capitale vers 8h30. Premier arrêt vers 9h30: de la fumée dans le bus. Deuxième arrêt vers 11h00: encore de la fumée dans le bus. L'arrêt va durer jusqu'à... 15h30. On nous a dit vers midi qu'on avait appelé un autre bus de Bamako et qu'il s'en venait. C'était de la "bullshit". 16h00, autre arrêt dans un village, le dernier avant le tronçon de 160km non-asphalté sur les 600km qui séparent Bamako de Kayes, notre supposée étape de la nuit. Le bus s'arrête dans ce village et on nous dit qu'un autre bus (cette fois c'est vrai) vient de Bamako car le notre ne pourra se rendre. Il arrivera à 21h30 et nous passerons en fin de compte la nuit dans ce village. Nous n'avons même pas fait 200km en 1 journée!

 

Le lendemain, départ à 5h00 du matin. Devant l'absurdité du nombre d'arrêt qui ont suivi, j'ai commencé à tout noter les arrêts pour vous en offrir l'énumération. Voici donc l'horaire d'une journée de merde...

07h00-08h00: Arrêt d'une heure pour réparer un essieu.

08h18-08h32: Arrêt raison inconnue

08h50-09h25: Arrêt pour déjeuner

10h26-10h31: Arrêt pour rajouter de l'eau dans le radiateur (qui fuit)

10h59-11h14: Arrêt à un poste de contrôle routier

11h34-11h35: Arrêt raison inconnue

11h43-11h46: Arrêt raison inconnue

12h02: On quitte la route de terre, retour sur l'asphalte... Yé!

12h05-12h18: Arrêt pour radiateur et vérifications générales

13h08-14h00: Arrêt pour dîner

14h31-14h32: Arrêt pour ajouter de l'eau dans le radiateur

14h40-14h41: Arrêt raison inconnue, nous sommes à 235km de Kayes, 305km du Sénégal, j'ai hâte d'y être. Marianne, un Belge et moi parlons de, une fois au Sénégal, déserter le car et prendre un 7 places pour se rendre plus rapidement à Dakar.

15h13-15h15: Arrêt pour une réparation quelquonque

16h14-16h29: Arrêt pour laisser descendre un passager et pause. 140km avant Kayes et 220km avant la frontière du Sénégal...

 

16h29 fut ma dernière écriture dans mon journal de voyage. Quelques minutes plus tard, quelque part entre 16h30 et 17h00, le conducteur de ce vieux car mal en point, chargé de bagages sur le toit et mal équilibré, a perdu le contrôle de notre véhicule dans une courbe. Nous avons eu un accident, le car a versé sur le côté.

 

Tout comme dans mon journal de bord, je saute ici ce bout de mon voyage. Le car ne s'est donc jamais rendu à Dakar. Pas même à Kayes. Marianne, notre compagnon de voyage belge et moi avons dormi à Kayes ce soir-là.

 

Le lendemain matin, nous avons tous les trois gagnés Dakar par nos propres moyens, en taxi et en 7-places et sommes arrivés à Dakar le même jour 14 heures plus tard. Quelques blessures mais rien de grave heureusement. Nous allons maintenant bien.

 

Nous ne sommes pas retournés à Gorée. Nous sommes demeurés à Ngor pour régler quelques trucs et visiter une clinique. Marianne est rentrée comme prévu le 28 août. J'ai pour ma part devancé mon vol au Jour 60 (le 30 août) et suis rentré à Montréal, heureux d'y être, Jour 61 (le 31 août). Disons que suite à l'accident, il était difficile physiquement de voyager seul. Porter mon sac à dos était, par exemple, impossible. De plus, je dois dire que je n'avais plus tellement la tête au voyage. J'avais plus envie d'être avec ma famille, mes amis, ma copine.

 

Chez moi!

Alors en ce jour 70, à l'heure même où je devais être entre Dakar et Bruxelles, me voilà plutôt chez moi en train d'écrire le dernier texte de ce voyage. Voyage duquel je suis revenu il y a déjà 10 jours. Voyage et destination difficile certes. Épuisant physiquement et mentalement, effectivement. Mais je ne regrette évidemment pas mon voyage. Au contraire, l'expérience fut enrichissante.

 

Quand on me disait là-bas "tu es en vacances?", je répondais "non, en voyage". Car si on dit parfois qu'il faut des vacances pour se reposer d'un voyage, cela n'aura jamais été aussi vrai pour moi qu'au retour de ce voyage-ci. Ouf! :o)

 

J'espère que vous avez apprécié lire mes petits textes durant ces deux mois et un peu plus. Pour ma part, j'ai aimé vous les écrire.

 

Merci de m'avoir accompagné durant mon voyage et... à bientôt!!

JJJJJJJJJJJJJJJJJJJ

 

P.S.: D'ici quelques semaines, plus de photos devraient apparaître sur mon site...

www.michelmenard.com

 

 

La Mosquée de Djenné

Le grand marché du lundi

Mosquée de Djenné ou décor de cinéma?