Jour 12 - Göreme

Oh la la que de nouveau depuis le jour 6, jour de mon départ d'Istanbul.

Flashback

Je ne vous avais pas dit mais ce même jour, nous avons été visiter Aya Sofia, ou Sainte-Sophie si vous préférez. Une basilique datant du 6e siècle qui nous regarde du haut de ses 1500 ans d'âge. La Poune peut aller se rhabiller.

Elle est un peu défraîchie à l'extérieur, à l'intérieur aussi d'ailleurs mais on travaille fort à l'améliorer. Elle a eu quelques facelifts par le passé mais pas nécessairement à son avantage. Imaginez, une immense coupole dont les piliers sont ingénieusement cachés dans les murs de sorte que l'intérieur parait immensément vaste. Ajoutez ensuite des mosaïques dorées sur plusieurs murs reproduisant des saints ou autres images, de la mosaïque dorée sur les coupoles et d'autres motifs en mosaïques de couleurs ailleurs au plafond.

Maintenant, quand la ville est conquise et que les Ottomans décide de la transformer en mosquée, peignez toutes ces images jaunes avec des petits motifs ici et là. On la restaure maintenant en partie, mais quand on s'imagine la beauté que devait avoir cette église à l'origine, construite alors que l'Europe est au neutre, on est presque triste de ne pouvoir la voir dans son éclat d'origine.

Ceci dit, sa double fonction au fil du temps lui procure aussi des éléments intéressants. Par exemple, La Mecque étant légèrement décalée par rapport au centre et à l'orientation de l'église, (quelques degrés au plus) on a ajouté une marche qui coure à angle au sol, donnant l'impression qu'un architecte saoul l'aurait dessinée.

Elle est défaîchie, mais elle impose le respect la vieille. Et son âge contribue à sa beauté.

Le train...

Fin du flashback... reprenons où j'en étais: au train.

Vous vous souvenez du train de 26 heures? Eh bien c'était finalement un train de 32 heures. Soyons honnête, je m'attendais à un peu de retard quand même. Deux... peut-être trois. Pas vraiment six. Mais c'était très bien. Les wagons-lits, à 4 lits par cabine semblaient relativement récents, ils étaient confortable et propre.

Quand nous sommes arrivés, j'ai senti un odeur de swing intense devant la cabine. "merde... 26 heures là-dedans et pas de tiger balm pour me mettre sous le nez". En fait, soulagement, c'était 2 jeunes qui s'étaient "trompés" de wagon et dormaient sur nos futures couchettes du haut, ils n'avaient pas de couchette du tout en fait. Ne restait donc que 2 monsieurs dans la soixantaine qui étaient là. Deux amis. Mais qui au final, n'étaient pas dans la même cabine, donc nous n'étions que trois, quoique l'ami nous visitait constamment.

Très gentils ces deux hommes. Un ne parlait pas du tout anglais. Souriant, chauffeur pendant 40 ans, il a déjà eu un accident il y a 15 ans qui lui a laissé une belle cicatrice de la nuque et descendant dans le dos, le long de la colonne. Il a maintenant 65 ans et est à la retraite. À force de dessins et de quelques mots, on a pu savoir que sa femme est morte, qu'il est kurde (comme son ami d'ailleurs), qu'il a eu 6 garçons et 1 fille. Sa fille et un de ses garçon sont mariés et ce dernier a deux enfants que l'homme s'est fait un plaisir de nous montrer sur son cellulaire.

Les deux monsieurs fumaient. Il est interdit de le faire dans les cabines, seulement dans les corridors. Mais les deux monsieurs le faisaient quand même, mais, attentionnés, ne le faisaient que dans la cabine de l'ami (Hatsi). Ce dernier, 64 ans, est aussi kurde et originaire du sud-est de la Turquie. Il ne parlait pas anglais mais... l'écrivait. Assez particulier. C'est que Hatsi a appris l'anglais avec un dictionnaire. Il sait donc comment écrire les mots, leur signification, mais ne les prononce pas très bien et ne sait pas faire vraiment de phrase. Mais il aida grandement à la compréhension entre nous quatre.

De plus, Mylène en "visitant" le train, s'est fait invité par les employés du train et conducteur en repos à visiter le wagon des employés. Elle est revenue me chercher croyant que nous pourrions voir la locomotive, mais c'était malheureusement impossible. Par contre on a pu prendre le thé avec les employés et pris quelques photos avec eux... que nous devrons leur envoyer.

... et le bus.

Si jour 7 était un jour entier passé dans le train, jour 11 était quand à lui dédié au bus. Alors que nous avons dormi à un hotel à 2,5 km du Mont Nemrut (je vous en parlerai plus bas), nous sommes partis à 7h15 pour retourner vers Malatya. Environ 2 heures dans un minibus sur une route cahoteuse et surtout très sinueuse. Un nombre impressionnant de lacets qui descendent le mont Nemrut qui culmine à 2000m. Des virages avec, à plusieurs endroits du côté extérieur, un dénivelé très important qui n'autorise aucune sortie de piste. De quoi faire battre le coeur à plusieurs reprises. Heureusement que nous avions un très bon chauffeur qui ne conduisait pas en cow-boy, sinon j'aurais invoqué Allah en secret. Déjà que je n'aimais pas trop. Quelques relents de mauvais souvenirs en bus font que je n'apprécie pas trop les courbes.

Arrivé à Malatya, marche de 10 minutes pour se rendre au grand boulevard. De là, un dolmush (un genre de grille-pain pout-pout qui fait office de minibus privé. Y'a aussi des bus de ville, mais le premier à passer fut le dolmush. Ce dernier nous mène en 10-15 minutes à l'Otogar. Le terminus d'autobus. Je m'attendais à une plateforme de béton couverte avec des bus partout. C'était sous-estimer l'efficacité des autobus de ligne de la Turquie. Des modèles.

Après avoir habilement évité les rabatteurs à l'entré du terminus, nous être séparés en deux pour trouver une compagnie fiable, qui dessert directement Göreme et non avec un transfert, nous avons finalement un billet en poche. 30 liras (20 dollars), un bus de 7 heures.

Tout comme la Poune plus haut, Orléans peut aussi aller se rhabiller. Des bus confortable, avec plus d'espace pour les jambes que ce à quoi on est habitué. Deux chauffeurs qui se relaient (un conduit pendant que l'autre dort dans une couchette au "1er étage" celui des bagages, parce que le bus continue jusqu'à Izmir, soit 12 heures après notre destination. Et un agent de bord. Celui-ci vérifie que chacun à son bon siège (ils sont numérotés), qui descend où pour le dire au chauffeur, et, comme l'agent de bord dans un avion, distribue des rafraichissements. Après 30 minutes. il est passé avec son petit chariot pour offrir thé, café, pepsi ou jus. Un peu plus tard il est passé pour offrir de la crème glacée à chacun et de l'eau de source. Tout est inclus. Un peu plus tard encore, la "colonya" au citron: mélange d'alcool, et d'huile essentielle de citron pour se laver les mains et se rafraîchir le visage. Clim parfaite, pas trop froide, sièges confos... rien à redire. Heureusement car dans quelques jours, nous devrons en prendre un de 12 heures pour Izmir et Pergame.

Malatya, turkiş konuşonor munuyuz

Vous savez, ou pas, que la Turquie est très touristique. Spécialement deux de nos arrêts, Istanbul et la Cappadoce. Tous les serveurs, personnel des auberges, vendeurs parlent anglais. Par contre, après notre 32 heures de train, et notre journée et demi à Malatya, l'immersion était plus réelle. Il n'y a pas énormément à voir à Malatya, mais c'est une jolie ville. Beaucoup de rues boisées, de parcs, une rue avec un petit canal au centre et des cafés de chaque côté. La région produit aussi énormément de fruits et légumes divers, de sorte qu'on y trouve un marché de fruits superbes avec bien sûr la spécialité de la région, les Kaysii, les abricots. Frais ou séchés.

Il y a aussi un marché du "métal"... des forgerons, des ferblantiers, soudeurs, etc. qui travaillent dans leur échoppe ouverte sur la rue. Arrivés durant une panne de courant, les travailleurs étaient presques tous arrêtés. Une bande nous a donc invité à prendre le thé avec eux pendant une trentaine de minutes. Trente minutes plutôt rigolote à discuter ou tenter de discuter avec eux, 3 frères et "l'intrus" de l'entreprise. :)

Enfin, nous avons pris un bus pour la vieille Malatya qui compte un caravanserail, les enceintes où se reposaient les anciennes caravanes marchandes. En pleine restauration, nous n'avons pu pénétrer à l'intérieur. Par contre, en se baladant dans les rues et routes autour du village, un homme nous a invité dans son verger d'abricotiers, nous en a offert, nous a montré avec fierté ses pommiers, fèves, tomates, etc. Puis, en marchant dans de vieilles rues pavés, deux filles de 19-20 ans nous ont accosté, donc Touba, étudiante à l'université de Malatya, tête couverte mais de façon très lâche, qui nous a invité chez elle quelques minutes, une cour fermée, avec escalier qui mène à l'étage, l'habitation, alors que le rez-de chaussé est occupé par... une vache. Elle nous a aussi offert des... Kaysii. eh oui d'autres. Un brin de pep, de joie de vivre, très dégourdie et curieuse. Une belle rencontre.

Nemrut, délire d'un mégalomane

De Malatya, nous avons pris un petit "package" qui nous amenait de Malatya au Gunesh hotel, à seulement 2,5 km du sommet de Nemrut. C'est quoi Nemrut? C'est le nom d'une montagne où, au sommet, le roi Antiochos 1er se fit construire, il y a 2100 ans environ, un monument à sa grandeur pour sa mort. Au sommet, une montagne de pierre de 50-75 mètres de pierres, donc impossible à creuser pour vérifier s'il est bel et bien enterré dessous. À moins de tout enlever.

Du côté est et ouest, un alignement de statues en pierres de lui-même, assis au centre avec de chaque côtés ses pairs... des dieux bien évidemment. Avec le temps et les tremblements de terre, les têtes sont toutes tombés aujourd'hui. Elles ont été remise en position droite devant les corps. Avec un paysage de montagne autour, la tranquilité qui y règne (même si une cinquantaine de personnes s'y trouvent), ces têtes énigmatiques qui scrutent l'horizon, l'endroit dégage quelque chose d'irréel, de calme et de mystique au lever ou coucher du soleil. Logeant au Gunesh hotel tout près du sommet, hotel planté au milieu de nulle part ou presque, nous avons eu la chance de voir les deux, le lever et le coucher. (Il a fallu se lever à 3h45 pour aller voir le lever... ouch). Magnifique.

La bouffe

Pour terminer, une question de mon neveu Charlie qui me demande, on mange quoi en Turquie.

Le déjeuner turque est partout le même: du pain, des olives, tomates, concombres. Oeuf cuit dur, miel ou confiture, fromage frais ou salé. En gros c'est à peu près ça. L'auberge où nous sommes en ce moment a aussi du melon ce qui me permet de terminer mon déjeuner par une tranche de melon, comme un brunch! :)

La viande est aussi maître ici. Des kebabs de toutes sortes, de la viande grillée comme dans les restos libanais, que l'on découpe en lanières et servies de diverses façons. Des brochettes de viande aussi, en cube. Ou en boulette de viande hâchée que l'on assaisonne aussi pour les faire griller ensuite... des Koftë. Le tout souvent servi avec riz (un peu) ou bulgur. Ou encore avec des poivrons semi-épicés. On trouve sur les tables sel poivre pour les touristes, et sel, sumac et chili pour les autres... ou ceux qui aiment. Comme viande? poulet, boeuf ou... hmmm agneau. L'agneau est souvent disponible.

Les Turcs font également de très bonnes salades, simples mais rafraichissantes. Tomates, oignons, concombres avec une vinaigrette au citron est un classique. Le yogourt assaissonné à l'ail est aussi un classique mais je préfère celui assaisonné à la menthe qui est délicieux. On y trempe son pain et cela fait miam dans la bouche.

Côté breuvage, le thé est beaucoup plus populaire et servi que le café... turc. Le thé est noir, fort, et servi dans de petits verres dans lequel on ajoute 1, 2 ou 3 morceaux de sucre. Très bon. Il y a aussi l'ayran, un lait fermenté ou "jus de yogourt" qui est salé. Spécial, pas pour tous. Mais on aime ou on aime pas. Perso... j'aime bien.

Je n'ai pas encore goûté beaucoup au mezze, ces petites entrées semblables au tapas espagnoles avec lesquels on peut se faire un repas... j'y compte bien.

Pour le sucré... je n'ai pas encore goûté (oh honte) aux baklavas. J'ai goûté aux loukoums comme cités dans un autre texte. J'ai aussi goûté à de la crème glacée particulière que l'on sert ici. La texture est comme de la crème glacée... avec un peu de gomme à mâcher... Ça s'étire juste un peu avant de casser. Autre chose, il y en a de la nature... Pourquoi on a pas ça?! Cela goûte vraiment la crème et lieu de la grosse fausse-vanille auquel on est habitué. Très bon.

Je suis en ce moment en Cappadoce, mais je vous en parlerai dans un prochain texte. À bientôt, je vais me balader à cheval dans les décors magiques (ou extraterrestre, c'est selon) de la Cappadoce.

Sainte-Sophie

Notre ami de cabine dans le train Istanbul-Malatya

Jolie rue du canal à Malatya

Marché du métal à Malatya

Notre hotel perdu près du sommet du Mont Nemrut

Deux des têtes et les corps derrière au Mont Nemrut. Les têtes font environ 2 mètres.