Jour 15 - Bergama (Pergame)

Bonjour. Et bonne fête des pères à mon papa. Et pour ceux qui avaient oublié, voilà un rappel gratuit.

Je vous écris de Pergame, à environ 50 kilomètres de la côte Égéenne, celle entre la Grèce et la Turquie. Je suis assis, écrasé par les 33 degrés qu'il fait à l'ombre en ce beau dimanche après-midi. Écrasé aussi par la fatigue car nous sommes arrivé ici en provenance de la Cappadoce, après un bus de nuit de 12 heures, et un autre bus de transfert de 1h30. Partis de Göreme à 19h30, nous nous sommes posés ici vers 10h00. Ici, c'est une superbe auberge dans 2 bâtiments. C'est tranquille, nous sommes presque seul dans la 2e maison. À l'étage, avec balcon derrière couvert d'une vigne, petit balcon dans le dortoir de 4 lits où nous sommes seuls.

...1h30 s'est écoulé depuis ma dernière phrase. Je ne m'endors plus, je reviens à l'instant d'une sieste. Après-midi farniente pour se remettre du bus de nuit et être d'attaque demain pour visiter l'acropole et l'asclépion de Pergame, deux des plus beaux sites archéologique de la Turquie. Je vous en parlerai dans mon dernier texte. Pour l'instant, je ne suis sorti que pour faire quelques courses pour le dîner. Nous sommes dans un quartier plutôt résidentiel avec plusieurs petits commerces, des commerçants gentils, des vieux qui boivent du thé en jouant au rummy ou au backgammon, et... c'est plutôt ça. De petites rues étroites, même la rue principale qui traverse la ville est moins large rendue à notre hauteur. Charmant.

La Cappadoce

Auparavant, si vous avez suivi attentivement, le dernier texte se terminait alors que j'étais en Cappadoce, mais je ne vous en parlais pas encore. Comme je le disais plus haut, nous sommes partis hier soir de Göreme (prononcez Guerèmè), avec pour ma part un petit pincement. C'est le genre d'endroit où l'on aimerait prolonger son séjour, le genre d'endroit que j'ai de la difficulté à quitter. Il y a tant à y faire, tant à voir, tant de beaux villages dans un si petit rayon que plusieurs peuvent être rallier à pied. Une ambiance légère, bon enfant. Et des décors... des décors comme on n'en voit peu. Surréalistes, de cinéma ou d'une autre planète, choisissez.

Mais ironiquement je ne sais quoi vous en dire. C'est con mais c'est comme ça. Je pourrais arrêter mon texte ici et me dire que vous avez su l'essentiel. Mais je vais me forcer. Parce qu'il fait chaud et que je ne veux pas me lever, ou parce que Mylène lit.

Nous sommes restés 4 jours complets à Göreme. À l'auberge Flintstones. Pour l'exotisme du nom, on repassera. Pour le lieu par contre, rien à dire. Plusieurs hotels vont vanter la vue qu'ils ont sur la vallée, la ville ou les formations rocheuses hallucinantes qu'on y retrouve. Flintstone lui est bien installé au ras des pâquerettes, mais tout juste au bout d'une rue menant au centre. De sorte que nous avions vu sur quelques falaises aux formes originales, mais aussi sur un petit champ et... rien d'autre en fait. Un calme, des petits oiseaux, des collègues de voyage et un personnel charmant. Et une piscine. yeah! Un cadre parfait. Nous avions une chambre semi-troglodyte. C'est à dire que le plafond et deux murs était fait de la pierre à laquelle était adossée l'auberge, les autres murs étant ajoutés ensuite.

Ben oui, c'est une autre particularité de la région. La pierre dont sont fait les célèbres cheminées de fée ou les nombreuses falaises, est du tuf. De la cendre volcanique aglomérée qui a la propriété d'être peu dure, donc facile à creuser, et de se durcir après quelques heures au contact de l'air. Les gens les creusaient donc pour en faire des pigeonniers (la fiente de pigeon servant d'engrais), des étables, monastères et églises. D'ailleurs, du IVe au XIe siècles, ce sont les chrétiens qui habitaient la région, et d'innombrables églises et monastères troglodytes datent de cette période. Ce sont de toutes petites églises en général en ces débuts de la chrétienneté. Par la suite, plusieurs ont été peintes à l'intérieur de très belles peintures illustrant la bible et la vie de Jésus, pour que les gens ne pouvant lire puissent comprendre. Plusieurs de ces peintures ont été effacées, surtout mains et yeux, durant la période iconoclaste (8e et 9e siècles). Mais quelques-unes, surtout à Göreme, ont tout de même été très bien conservées.

Jour par jour en Cappadoce

C'est d'ailleurs ce que nous avons fait la première journée à Göreme, visiter le musée en plein air où l'on trouve 7 ou 8 églises dans un très petits rayons, ainsi qu'un monastère avec des cuisines, une salle pour le bétail et deux réfectoires pouvant contenir 40 à 50 personnes chacuns. Oui oui, tout ça est creusé dans la pierre. Vous n'aurez pas d'images des églises, les photos étant interdites dans chacunes d'elles. Comme les gens "oublient" d'enlever leur flash quand on leur permet de faire des photos, je trouve que c'est une sage décision d'interdire les photos tout court.

Le lendemain, nous nous sommes baladé dans une des nombreuses vallées qui entourent la ville. (des pigeons, rouge, rose, del'amour, de l'épée, etc) À pied pour commencer, et, en fin de journée, durant 2 heures à cheval dans la vallée de l'épée et la vallée rose. Je suis pas le plus fana de cheval, mais j'ai bien aimé celle-ci, qui nous a fait voir des paysages magnifiques alors que le soleil commençait à être bas.

La 3e journée fut bien remplie. Nous avons pris une excursion d'une journée qui nous a fait voir d'abord ce que je voulais surtout voir, une ville souterraine. Et je ne parle pas de la place Ville-Marie! Derinkuyu est une (parmi la centaine qu'on estime sous la Cappadoce) des plus vastes. Construites sur 7 niveaux, le dernier étant plus de 55 mètres de profondeur, plus de 3000 personnes pouvaient vivre dans ses 4 kilomètres de pièces et de tunnels. Le premier niveau remonterait à plus de 4000 ans et servait surtout à produire et entreposer le vin et d'autres denrées. Puis, plusieurs siècles plus tard, les chrétiens ont été plus profond pour se protéger des arabes qui remontaient pour attaquer le nord. Dès qu'ils étaient alertés par un système de feu d'alerte, de l`arrivée de soldats, ils descendaient avec nourriture, gibier, etc dans ces caves et pouvaient y vivre le temps qu'il fallait, de quelques jours à quelques semaines. Les puis étaient bien protégés de la surface pour éviter la contamination par l'ennemi. L'aération se faisait naturellement par un système de puits d'air, et la fumée de cuisson ou chauffage ne paraissait pas en surface et n'asphixiait pas dessous car le tuf est une roche poreuse qui absorbait en grande partie la fumée!

Nous sommes aussi allé nous balader dans la jolie vallée d'Ihlara, avons diner sur une petite plateforme en bois, couverte, sur une rivière au fond d'un canyon. Puis balada dans un ancien monastère contenant deux églises et une chapelle tout en pouvant passer d'une à l'autre par l'intérieur, ce qui ne se faisait pas trop dans les autres trucs creusés qu'on avait vu. Ce monastère est bel et bien creusé dans le roc mais en hauteur dans une formation rocheuse et non sous terre.

La dernière journée fut tranquille. Demi-journée à Avanos, petite ville remplie d'artisans potiers qui font des objets superbes. Mylène, qui tourne elle aussi, a pu échanger avec quelques artisans qui nous ont montré leur talent de leur 20-30 ans d'expériences. Le reste de l'après-midi s'est déroulé un peu sur le bord de la piscine Flintstones... jusqu'à l'arrivée de la pluie. La première depuis le jour 3 à Istanbul. Donc, reste du temps à discuter et manger avec Maxime, un sympathique Suisse-Roman qui est dans la dernière semaine d'un voyage de 10 mois! Et avec Mehmet, le sympathique gérant du Flintstone. Et donc... départ de ce très bel endroit en direction de Bergama.

Les Turcs sont gentils

J'avais déjà entendu parler de la gentillesse et de l'hospitalité des Turcs. En même temps, c'est souvent le genre de trucs qu'on entend peu importe la destination des gens. Mais pour la Turquie... c'est bel et bien vrai. Et je ne parle pas juste du personnel d'une auberge ou d'un vendeur. Depuis que l'on a quitté Istanbul, je ne compte plus le nombre de gens sympathiques rencontrés... tous en fait. Ils sont curieux, aiment rigoler (donc ca dépasse la simple politesse de formalité comme en Asie par exemple), aiment discuter, aider, et font aussi l'effort de comprendre gestes et sons si on fait de même. (Comme meuuuu, ou bêêêê pour savoir si c'est du boeuf ou agneau). Les marchands prennent le temps qu'il faut pour nous aider ou faire goûter leur produit même s'ils savent qu'on a complété nos emplettes et qu'on ne reviendra surement jamais. Même un rabatteur aujourd'hui qui, après avoir compris que je prendrais pas de taxi, m'a aidé à trouver une autre info sur mon hotel. Ça c'est pas fréquent pour les rabatteurs du monde entier ;)

Bus de nuit et baklavas

Suite à mon dernier message, alors que je réalisais ne pas encore avoir goûté au baklavas, j'airemédié à la situation hier. Et puis demandez-vous? J'en ai racheté aujourd'hui. Ils sont effectivement délicieux, juteux à souhait, frais, miam. J'en suis pas fou habituellement mais là j'apprécie. Tout comme le helva qui n'a rien à voir non plus. Meilleur. Et le bus de nuit du sous-titre ci-haut, simplement pour vous mentionner que, bien que confortable, moi qui arrive à dormir n'importe où, je me réveillais souvent. Par des décellarations, ou des virages secs du chauffeur qui devait sans doute faire une étude secrète des forces G appliqués à des dormeurs. Mylène elle, ce sont surtout les bosses qui la réveillait, chacun son truc hein?. Les routes sont belles mais souvent en travaux, donc sur terre directe durant les travaux. Ce qui explique les bosses. J'ai quand même eu droit dans le bus à un match de la coupe du monde, et à un genre de soap-comédie. Et ce matin, à une émission d'époque genre Byzance ou Constantinople... mais qui avait l'air d'une parodie. Divertissant.

Alors voilà, je sors me balader avec Mylène, sortir un peu en cette (très) fin de journée. La fin ira rapidement même s'il nous reste encore 4 jours et demi de voyage. Demain, visite de l'acropole et de l'asclépion de "pergamum" (nom à l'époque romaine). Jour 17, 10 heures de bus (de jour cette fois-ci) pour revenir à Istanbul. Restera jour 18 et 19 pour faire quelques emplettes, une balade sur le bosphore... et on verra pour le reste. Le dernier texte devrait alors être produit... de Montréal. À bientôt.

L'église Sombre, celle qui présente les peintures les mieux conservées.

Certaines formations rocheuses nous rappellent... euh nous rappellent... des fusées ou des champignons!

Un monastère vue à cheval, près de Utchissar. (tout communiquait par l'intérieur)

À cheval sur la planète Tatouine?

L'oeil... symbole devant éloigner et prévenir du mauvais oeil. Porté autant sinon plus par les Turcs que par les touristes. Une superstition encore très répandue.

Un des nombreux longs passages de la ville souterraine de Derinkuyu

École dans la ville souterraine de Derinkuyu. Celle-ci servait en permancence. Le maître se plaçait devant en haut, les élèves assis sur les deux rangées de pierre.

La très charmante vallée d'Ilahra, longue de 15 kilomètres.