Jour 20+2 - Montréal

Me voilà de retour à la maison, à Montréal. Arrivé avant-hier, le décalage ne s'est pas trop fait sentir. Toujours plus facile d'aller vers l'ouest. Sauf si on est un Moscovite à l'époque soviétique. Ou un Nord-Coréen tentant d'entrer en Chine. Enfin bref...

Pas trop de décalage donc, malgré (ou peut-être grâce à) notre navette auberge-aéroport qui passait nous prendre à 5h45 vendredi matin. Notre vol était à 9h00, donc arrivée à l'aéroport entre 6h00 et 6h30. Ainso, on s'entend que notre 20e journée était en grande majorité... hors de Turquie. Peur de passer tout droit si je me couchais pour une nuit plus longue, Mylène et moi avons partagé une dernière shisha avec une Efes (la bière blonde qui se vend partout en Turquie, la Molson ou Labatt de la place si vous préférez), tout en regardant le match Danemark-Japon. Avec le fuseau horaire turque, le match se terminait à 23h30. Mylène est allée au lit, j'ai plutôt pris ma douche et fait mon sac, pour ensuite redescendre au resto-bar de l'auberge prendre un thé en regardant la rue, sentir l'air d'Istanbul et de ses soirées chaudes mais confortables... relaxer. Dodo à 2h45, lever à 4h45... Un bon 2 heures de sommeil. Tout ce qui faut pour être top shape héhé. Avion, transfert, retard, encore avion, navette, pieds. Me voilà à la maison, de retour.

Des ruines

Eh vous vous souvenez que j'étais à Bergama lors du dernier message? Que nous n'avions rien fait encore de l'après-midi après un bus de nuit d'environ 12 heures? Bravo, vous avez ou bien une bonne mémoire, ou bien vous êtes allé voir le texte précédent en cachette. Cette soirée là, nous sommes finalement sortis pour aller se balader un peu dans le ville. Petite ville tranquille d'environ 50 000 habitants. À l'époque de Pergamum, il y a 1500 à 2000 ans, la ville en comptait plutôt 200 000. Ce soir-là, c'était dimanche, c'était donc tranquille.

Le lendemain par contre, une grosse journée de visite nous attendait. Nous allions visiter la même journée, l'Asclépéion de Pergamum et son acropole aussi. En gros, l'asclépéion était une sorte de centre médical, de lieu de cure. Et celui de Pergamum a atteint à une certaine époque, un sommet de renommée. On y venait de partout pour s'y faire soigner. L'enceinte de l'asclépion faisait environ 110m par 130m. On y retrouvait un amphithéâtre de 3000 places, des chambres, une bibliothèque, un temple d'Asclépios (dieu grec de la médecine, l'équivalent romain étant Esculape), un temple de télésphore qui servait de lieu pour soigner les visiteurs, des bains et thermes, une source d'eau et, de chaque côté, une colonnade couverte (une stoa). Sous les stoas, un 2e étage souterrain contenait quelques chambres et un passage reliant divers bâtiment. On y prodigait divers soins comme des massages, bains de boue, absorption d'eau sacrée, utilisation d'herbes, discussion avec les patients (forme de psychologie) et même analyse des rêves. Ah oui, le symbôle d'Asclépios était le serpent. Ça vous rappelle pas quelque chose? Oui oui, c'est de là que vient le serpent comme symbole de la médecine, encore aujourd'hui.

Au 2e siècle, l'asclépéion de Pergame s'est forgé une solide réputation dans le monde romain grâce entre autre à Galien, originaire de la place mais qui avait des études à Alexandrie et en Asie. Ses connaissances sur le système nerveux et sur la circulation du sang sont restées la base de la médecine jusqu'au 16e siècle.

À l'extérieur de l'asclépéion se trouve une route qui d'environ 1km qui reliait l'acropole de Pergamum. La route était pavée en entier avec des stoas de chaque côté. On y trouvait aussi divers marchants qui vendaient des produits reliés à la santé. Onguents, huiles, etc. Ainsi que, une cinquantaine de mètres avant l'entrée, un bâtiment où l'on décidait de l'admission ou non de la personne en fonction de sa santé. L'équivalent du triage à l'urgence de nos jours!

D'autres ruines

Après un bon deux heures à l'asclépéion, nous sommes partis vers l'acropole. Cette fois en taxi. Car pour accéder à l'acropole, il nous faut suivre une route de 5 km qui fait le tour d'une colline jusqu'au sommet ou presque. Donc 5 km en grimpant. Ça parait peu, mais quand on a qu'une petite journée pour visiter deux sites archéologique de cette ampleur, il faut se tourner vers le taxi. La courbe du voyage sur le prix par jour: plus on a de temps, moins ça coûte cher, moins on a de temps, plus ça coûte cher. L'adage "le temps c'est de l'argent" doit venir d'un voyageur c'est sûr.

L'acropole de Pergamum est beaucoup plus vaste que l'asclépéion. Une acropole, pour ceux qui l'ignore (c'est ok, je l'ignorais aussi) veut dire ville en hauteur. D'ailleurs, si vous voulez avoir une idée de ce à quoi pouvait bien ressembler l'acropole de Pergamum je vous invite à cliquer ici pour voir une photo de maquette. L'acropole est très vaste. Malheureusement pas très bien conservé. À part le temple de Trojan, édifié par le roi du même nom pour en faire un lieu dédié à Zeus et à... lui-même. Celui à été reconstitué en parti, pour aider à saisir l'ampleur des édifices qu'on y trouvait. Sinon, ne restait que les fondations du temple d'Athéna, très peu de la bibliothèque (qui fut une des plus pourvue au monde en parchemin à son apogée) et du palais d'Eumène II. Par contre, il restait une base du temple de Zeus, et même si l'amphithéâtre de 10 000 places était mal en point, il n'en demeurait pas moins très intéressant et saisissant. Contruit à flanc de montagne dans une pente très prononcée, descendre ses marches nous suggérait fortement l'idée de ne pas en rater une.

C'était donc surtout tout le côté historique qui était intéressant. Je ne vais pas commencer à vous parler des dieux, de l'histoire de Pergamum dans le détails, des conquêtes, batailles, victoires et conquêtes de la place, je laisserai les plus curieux se renseigner. Il n'en demeure pas moins que bien que très intéressante par l'ampleur du site, même si la conservation n'est pas la meilleure, j'ai bien aimé cette visite. Ceci dit, je ne serais pas allé ensuite à Éphèse ou Hiérapolis, d'autres sites célèbres en Turquie. Une dose de ruines par voyage, comme une Snickers en milieu d'après-midi, ça me satisfait.

Les derniers miles

De Bergama, nous sommes partis le jour 17 au matin pour prendre un bus de 11 heures jusqu'à Istanbul. Je vous avais déjà parlé du service à bord des bus de ligne turcs. Je vous invite à voir la photo au bas pour voir encore mieux. La dernière compagnie que nous avons prise pour faire ce trajet avait un service une coche au-dessus des autres.

Nous sommes arrivés tard en fin de journée à l'auberge vers 23h. Les deux dernières journées ont servis, comme prévus, à faire un peu de magasinage, et aussi à faire une croisière agréable de 2 heures sur le Bosphore. J'ai aussi été voir de près l'aqueduc de Valens, du nom de l'empereur qui le fit bâtir. Cet aqueduc faisait autrefois près de 40km... Reste ce bout au milieu de la ville, sous lequel passe le boulevard Atatürk. Et comme expliqué plus haut, nous sommes partis d'Istanbul le matin du jour 20.

Route et amabilité

Concernant les Turcs et la route c'est plutôt simple, ils conduisent n'importe où. Les rues à une voie ne sont pas nécessairement à sens unique. Il faut donc parfois parler pour savoir qui va reculer pour laisser passer l'autre. On roule souvent sur la ligne sur les grandes routes... tant qu'il n'y a personne qui vient en face. (C'est un pays pour mon père ça ma foi!). J'ai vu un taxi rouler à 90 dans une zone de 50. Le panneau d'arrêt / stop s'écris en turc "DUR". Mon hypothèse est que c'est dur pour eux d'en faire un. Oui je sais elle est facile, mais c'est comme les peintures blanches avec un point bleu dessus: fallait la faire. Bref vous voyez un peu le topo sur les routes?

On klaxonne aussi pour toutes sortes de raisons dont les principales que j'ai remarqués sont: signifier sa présence à une intersection, signaler à la voiture devant qu'on va la dépasser, signaler qu'on va revenir devant elle, avertir un piéton (tasse-toi de là), signifier à l'autre devant d'avancer... et ça vaut même si l'autre devant ne peut pas avancer lui non plus. Enfin, on klaxonne aussi beaucoup pour saluer un ami, une connaissance que l'on croise ou voit. Quand on traverse le village natal d'un chauffeur, ça klaxonne par là mes amis. On ne pourrait donc interdire le klaxon en Turquie sans perdre une grande dose de courtoisie!

Alors oui ils conduisent mal. Oui ils passent souvent près de se rentrer doucement dedans. Cependant, en 3 semaines, je n'ai vu qu'une fois deux personnes s'échanger des mots durs et forts, dans un cas de deux-voitures-face-à-face-avec-de-la-place-pour-une-seule. Qui recule?

Le reste du temps, des conseils, suggestions (tasse toi un peu sur lui, je vais pouvoir passer en fermant mon miroir). Même une fois, sur un coin, une voiture décide de reculer d'un mètre pour nous laisser passer (à pied) car elle ne pouvait passer de toute façon. Sauf qu'un autre homme avait déjà décidé de passer derrière, ce que le chauffeur n'avait pas vu. Par deux fois le monsieur a dû reculer mais s'est tout de même fait "coller" par la voiture. réaction? Il est venu à la fenêtre du gars pour dire, d'un ton normal, presque rigolard, quelque chose qui devait ressembler à: "Heille, tu recules pour les laisser passer eux-autres, mais moi pendant ce temps là tu m'écrases". Et l'autre aurait répondu: "oh je t'avais pas vu, ahh qu'est-ce qu'on ferait pas pour des touristes". Bon j'invente un peu là... mais vous voyez le ton. Personne a dit "heille crisse de char, fais donc attention aux piétons"... "ta yeule, t'as juste à passer aux lumière maudit piéton qui respecte pas le code de la route".

Pensez-y à votre prochain cas de petite-rage routière. :)

Chips et défi échoué

Terminons avec deux classiques de voyages que je n'ai pas abordé encore. Le premier est un dada personnel: essayer des saveurs de chips qu'on a pas ici. Malheureusement, la Turquie manque d'originalité de saveur et aurait beaucoup à apprendre des asiatiques. À part celles au paprika que l'on retrouve souvent en Europe, surtout dans l'est, il y avait peu à se mettre sous la dent. Tacos et une "turk tomates-herbes". Mince (aux légumes) comme choix.

Par contre, une mention et une main d'applaudissement pour Doritos qui ont lancé un concours de trouver des saveurs turques. Il y avait donc dans les "dépanneurs", trois sortes de Doritos sur lequel les gens peuvent voter pour savoir, j'imagine, laquelle ils vont garder. Là enfin on avait salade russe, une salade que l'on sert souvent là-bas, simple, de tomates, concombres, oignons rouges avec huile et jus de citron. Il y avait aussi yogourt aux herbes (genre de tzaziki) et enfin, olives noirs et vertes et thym. Délicieuse cette dernière.

Deuxième point, le défi du voyageur, baptisé aussi le défi Céline. Il consiste à faire un voyage dans un pays, n'importe lequel, et ne jamais entendre une seule chanson de Céline Dion. J'ai échoué en Thaïlande (je me souviens encore, dans les dernières journées, entendant dans un café internet, une chanson de Céline en duo avec Bryan Adams), aux Émirats, en Europe de l'est en général... bref partout.

Eh bien en Turquie, j'ai échoué au... jour 4. Ce fut bref. Pas réentendu une seule autre par contre du reste du voyage. Jusqu'à mon retour à Istanbul, soit le jour 19 au matin, la veille du départ. Céline 6 - Michel 0. Z'ont la radio chez les pygmés?

Merci

J'espère que ces petits textes de voyages vous ont plu. Je sais qu'il y a un petit public qui aime bien ces textes, et bien que ça me prenne du temps en voyage à pondre ces textes, cela me force à revenir sur ce que j'ai vu, à observer, à apprécier. Et de savoir que ça vous plaît aussi et que ça vous fait voyager, tant mieux, cela me fait plaisir aussi. Et ceux qui vont directement aux photos... c'est correct aussi hahaha. Je vous pardonne.

Ne reste plus qu'à me souhaiter (et à vous aussi pour avoir d'autres textes à partager), un prochain voyage plus rapidement que dans 4 ans... disons le franchement, c'est ben trop long!! À bientôt.

Via Tecta, route de 1km qui reliait l'Acropole de Pergamum à l'Asclépion

Vue générale de l'Asclépion

Temple de Trojan dans l'Acropole de Pergamum

Amphithéâtre de l'Acropole de Pergamum

Le service à bord des autobus turcs

L'aqueduc de Valens